Vinika, le jardin des enfances
Ce serait un jardin de longues envolées Une entrée dans le pays natal où respire l’Infini La tranquille et lente remontée vers le visage de l’Intime Un creux dans le silence murmuré d’une éternité Tu ne peux confondre le vent venu des horizons lointains Et le souffle naissant du pays des enfances. Véronique Guerrin ( Je vous remercie de me prévenir si vous voulez utiliser textes ou images qui sont ma propriété.)
mardi 5 mars 2024
La dame blanche ; variations cyanotypées
En longue robe blanche, croquant les grains de raisin translucides, c'était il y a longtemps, dans la nuit noire quand le loup se cachait encore que la dame blanche apparaissait dans la chambre ou l'enfant dormait
Un homme portant une épée de feu empêchait d'entrer dans le cimetière enchanté
et lorsqu'il a soulevé son épée, l'a tendu vers le ciel, alors s'envolèrent des dizaines de petits d'oiseaux d'or et de feu, qui jouaient entre les monuments funéraires abandonnés
Les pierres s'illuminaient peu à peu Des animaux taillés dans le marbre marquaient chaque allée, Ici des tigres et là des lions ; plus loin je voyais des panthères et encore plus loin des chats ; sur chacun de ces sépulcres dressés je remarquais une étoile scintillante ; une étoile tombée du ciel ; comme une étoile perdue ; pour chaque étoile un trou noir s'était formé
De ces trous noirs sortaient des formes qui ressemblaient à des anges Peut-être d'anciens dieux oubliés Certaines déesses se sont glissées ainsi vers la terre ; de vapeur blanche et argentée hantent ou habitent les bosquets, marchent sur le bords des routes et se cachent dans les maisons aux lourds secrets
Sens dessus dessous, parfois en haut, parfois en bas, elles t'apprennent à inverser les sens des interrogations, à lire les sables éparpillés et à inscrire ton destin sur les traces des fées
L'enfant dormait, l'enfant rêvait dans la chambre calme, le loup sombre n'était pas venu dans la maison des légendes et des fleurs
Au centre de cet antique cimetière, il existe un cercle magique dessiné, gravé par la main de l'un des mages de Brocéliande ; qui a dit qu'il n'y avait que Merlin l'enchanteur ? C'est là que les dames blanches se retrouvent lors de chaque saison, célèbrent les fêtes lunaires, lancent charmes et philtres dans les feux allumés puis recueillent les cendres et survolant la planète bleue jettent ainsi dans l'atmosphère leurs voeux et leurs prières
la dame blanche se promène dans le bleu de la forêt là où les feuilles tombées étincellent parfois de rosée lorsque l'hiver rude parsème de cristaux la terre gelée
Blanc fantôme Ophélien, lavandière tapant son linge mouillé sur la pierre du bassin sacré, fée aux longs voiles volants, fleur aux pétales qui s'envolent vers la clairière
Dans le vent qui monte de la rive sinueuse du vieux ruisseau quelques spectres Egyptiens sortis de leurs sarcophages dorés, hantent les interstices de la mémoire et du temps
la dame blanche devenue magicienne des nuits oubliées, des nuits à venir, la dame blanche au creuset des chemins, là où les croix anciennes vermoulues sont tombées chante et danse, on la croit seule mais elle est multiple, toujours la même et la différente
Qui la voit voit sa propre mort Qui la croise croise son propre reflet Qui en a peur jongle avec ses propres craintes
Qui sombre en son regard entre en sa propre ombre
la dame blanche ouvre ainsi la porte secrète du temple abandonné ou du château oublié de l'âme
la dame blanche debout et resplendissante au lavoir de Massabielle fait s'écouler l'eau pure et fraîche
au clair des lunes d'antan s'entend le cri des loups et le paon aux plumes colorés dans le beau jardin du village
l'enfant dormait dans la chambre légère où jamais le loup ne viendra
Voici, la dame porte une coupe emplie de l'eau de la source , lève une bougie verte dont la flamme brille au coeur des ténèbres
La dame laisse son sillage parfumé comme un souvenir dans les vieux châteaux hantés de nos imaginaires ondées, de nos rêveries , déesse au manteau de neige qui pare ses cheveux ondulés de perles et de fleurs ; son éclat est frémissant dans le reflet des eaux pâles de la grotte , elle penche son visage vers elle même et se regarde, se trouve et se perd
A l'origine chaque chambre et chaque jardin devient un mystère d'aventures et de frontières ; la dame blanche garde le jardin secret des enfants enlacés au coeur des nuits étranges
Ne marche pas dans le désert des monts perdus où tu ne la trouveras pas
Tes pas te feront tourner en rond, tournebouler, des boules de feu transperceront ta nuit
Les étoiles à jamais palpitent dans le ciel obscur
la dame blanche est la gardienne des enfants bleus, la protectrice aux gestes lents et doux qui enlacent et bercent. Elle pourrait te recouvrir d'une haleine froide ou juste t'endormir, peut-être simplement déposer sur ton corps assoupi un manteau de perce-neige ou t'allonger sur un lit de plumes de cygne
Il n' y a ni soleil ni lune, juste le grand pharaon, l'Immortel qui ouvre et referme la porte des Infinis
Beaucoup de papillons s'amusent au bel amusement d'une fillette en robe blanche qui muse
Au rebord de la fenêtre de la chambre bleue tu pourras trouver un vieux livre aux pages jaunies mais il n'y a rien d'imprimé, ni d'inscrit, quelques signes s'allument et s'éteignent si tu poses tes mains sur la page , tu n'y peux rien lire, c'est un langage d'heure bleue ou de silence pénétrant
Le loup attend, il se cache car la petite fille est encore trop petite. Le loup pourrait attendre bien longtemps si l'enfant ne change pas de lieu, ne s'aventure pas hors de l'Origine.
Mais ce n'est pas l'enfant qui décide de devenir un enfant bleu, il absorbe alors l'Or hors du champ de ses visions et s'en nourrit puis s'abîme dans la contemplation des heures bleues et cherche la dame blanche sur toutes places et toutes clairières.
La dame blanche ne reviendra pas avant longtemps. Les prières et les signes de croix l'ont chassé.
Elle ne vit que de clarté céleste, d'eau de fontaine et d'étoiles rayonnantes.
Ne peut survivre et respirer là où les larmes ensevelissent la vie.
Beaucoup de papillons aux ailes déployés, d'or et de bleu, en dehors des cycles du sort, loin des temps morts, des dizaines de papillons sortent des pages du vieux livre qui attendait sur le rebord de la fenêtre.
Ils forment un cercle autour de l'enfant assise qui rêve et joue avec des sables blonds comme ses cheveux. Dans son songe, le Vieux Mage à la longue barbe blanche porte entre ses bras le cadavre ensanglanté du loup, la dame blanche marche devant lui.
les papillons d'or et de bleu les suivent. L'enfant regarde en son coeur et va, les accompagne jusqu'au bûcher des fées dans le cimetière abandonné. Le loup est mort, le loup a disparu.
La dame blanche se promène dans le bleu de la forêt là où les feuilles tombées étincellent parfois de rosée lorsque l'hiver rude parsème de cristaux la terre gelée ; elle tient par la main l'enfant aux cheveux blonds qui parsème son chemin de poussière d'or et de sables.