Ce serait un jardin de longues envolées Une entrée dans le pays natal où respire l’Infini La tranquille et lente remontée vers le visage de l’Intime Un creux dans le silence murmuré d’une éternité Tu ne peux confondre le vent venu des horizons lointains Et le souffle naissant du pays des enfances. Véronique Guerrin ( Je vous remercie de me prévenir si vous voulez utiliser textes ou images qui sont ma propriété.)
lundi 31 décembre 2012
dimanche 23 décembre 2012
vendredi 21 décembre 2012
mardi 11 décembre 2012
Barbe-Léon
Barbe-Léon et la botte des 7 lieux...
mercredi 14 novembre 2012
Les trois filles, collage
Collage carte postale : Très belle photographie d'une dame blonde Gare St Sauveur expo oct. 2012 et les filles de M. Laurencin
la vie était douce...
La vie était douce à Pompéi
La vie était douce à Tchernobyl
Collages à partir des images du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, de celles du cirque d'Amiens saison 2012, magazine rose des vents et danse de Carolyn Carlson en 2012.
Collages et dentelles
Quelques uns des collages réalisés avec les images des catalogues concernant les publicités pour des théâtres, centres d'art ou musée de la région Nord ; Musée Beaux -Arts de Valenciennes, danse avec Carolyn Carlson, le cirque à Amiens, la Rose des vents, la Gare St Sauveur, l'expo "Trans"... Des boutiques de mode comme "le Printemps"ainsi que des découpages de magazines... Et je suis passée par le Musée de la dentelle à Calais donc j'ai craqué pour quelques "dentelures"
dimanche 11 novembre 2012
Strange days...
http://the-strange-days.blogspot.fr/
Pour A.
" Et je me dis : je suis un enfant de Septembre,
Moi-même, par le coeur, la fièvre et l'esprit,
Et la brûlante volupté de tous mes membres,
Et le désir que j'ai de courir dans la nuit
Sauvage, ayant quitté l'étouffement des chambres. "
Patrice de La Tour Du Pin ; "les enfants de septembre.
Pour A.
" Et je me dis : je suis un enfant de Septembre,
Moi-même, par le coeur, la fièvre et l'esprit,
Et la brûlante volupté de tous mes membres,
Et le désir que j'ai de courir dans la nuit
Sauvage, ayant quitté l'étouffement des chambres. "
Patrice de La Tour Du Pin ; "les enfants de septembre.
![]() |
Photographie anonyme. |
Une branche craque. Les oiseaux s'enfuient, hautes envolées pour une terre sacrifiée. Quel chant s'élèvera ainsi, ici, rares sont devenus les visiteurs. Il n'y a plus de miroir sur le mur où alors, je crois qu'il est brisé. Ce n'est pourtant pas un lieu de fantômes errants. Non, juste un cimetière d'hier, un endroit désert et déserté où s'accumulent les poussières et les feuilles.
Un lieu où les pas ne laissent pas d'empreintes. Un lieu dont personne ne se souvient. Que s'est il passé là il y a longtemps ? Qui a vécu entre ces murs délavés, offerts au vent, au soleil et au rire de la pluie ? Qui a chanté dans cette église désaffectée ? Comme une gare perdue. No man's land. Un nulle part sans personne. La cheminée ne fume pas.
Quelques enfants sauvages comme l'écrit le poète, quelques enfants perdus viennent jouer ; à cache-cache entre les graffitis et les racines noueuses des arbres exaltés.
Une porte entrouverte, béante, une fenêtre aux bras ouverts. Les autres sont absents. Une éternelle absence. Un vide s'insinue en nous. J'ai cette crainte qui se love en moi de gravir les marches de l'escalier. Vers quoi mène t'il ? Que trouverai je là haut ?
J'imagine une femme en robe blanche, un enfant penché sur la balustrade. C'est l'été, un bel été aux éclats d'or et de joie. Des paniers de fruits dans la cuisine.
Je vois une procession aux bannières bordées, la porte de l'église s'ouvre lentement. Des feuilles de laurier jonchent le sol de mosaïque.
Dans la chambre aux tentures lourdes et bleues, un vieil homme assoupi rêve. Il mange des fraises, assis sur le bord d'une route. C'est comme dans un film, tout ressemble à des images de cinéma.
Bientôt de ces ruines abandonnées jailliront des scènes de vie et de songe.
Peut-être que l'on aime vraiment les friches, les lieux perdus, car on explore sa propre intériorité, sa propre mémoire. J'aime ce qui est perdu, comme Peter Pan qui parle toujours des enfants perdus... Peut-être que l'on se "perd" en ces endroits sans vie, sans humanité car on se plonge ainsi dans un état d'abandon. On devient réceptif. On se retrouve soi même en arpentant ce qui n'appartient plus à personne. Aucune agression. Aucune présence. Soi même avec soi même.
Je pense à Tchernobyl, aux friches photographiées. Ici ou là bas. Partout ou ailleurs est toujours une part de notre âme. On dit que depuis que l'homme ne vit plus à Pripriat la nature devenue reine est majestueuse et féconde, un nouvel Eden. On dit que...
Et notre âme est vagabonde.
Petit oiseau solitaire sur le bord de la fenêtre. Vitre cassée. Jonchées de débris de verre. Il n'y pas d'ombres ici. Juste le reflet du ciel dans ton regard. Je regarde au loin. Une jeune fille assise non loin de la maison tourne la tête.
Tout est calme. Trop calme ? Je ne le crois pas. Tout est parfait. Entre les herbes et les feuilles scintillent les mots ensoleillés. Pattes de chat gravées dans la poussière du salon.
Lumière de lune pour un étrange voyage. Etrangers dans la nuit, c'était une chanson que j'écoutais au coin du feu quand tombe la neige.
Croisées de cailloux et de fleurs. Les ronces sont figées. Je n'entends que le bruit de mes pas. Toujours un écho. Qui résonne. Lorsque tu parles, quand tu chantes dans les pièces de la maison, le ton de la voix monte très vite entre les murs vides. C'est un élan, une traversée du corps.
A l'oblique du monde : dans un intervalle de temps, une nouvelle danse, un autre rire, les éclats de la vie comme une belle joie naissante.
samedi 10 novembre 2012
Blog " the-strange-days "
Un blog que j'aime beaucoup... : http://the-strange-days.blogspot.fr/
et voici des images de voyage en Italie.
les lieux oubliés, offerts à notre errance, à notre sensibilité, dévoilent ici leurs palettes aux coloris d'automne, un automne beau et chaud ; les pierres sont enlacées par les herbes sauvages. Tout parle dans ces images d'un état d'attente, de profonde symbiose entre le coeur de l'homme et la nature qui domestique les terres abandonnées. Cet endroit vierge, cette masion, cette chapelle me donnent envie ; j'aimerai être là, toucher le bois, sentir le parfum de la terre, ressentir en moi l'émotion qui nous enveloppe face à un endroit marqué par la mémoire. Verger de souvenirs, de poèmes qu ise dévident sur le sol, vitres fermées, portes arrachées, saison d'un exil.
Merci pour ce voyage, je reviendrai visiter ces images.
mercredi 24 octobre 2012
La terre outragée, film de Michale Boganim.
«
Rien. De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir
ne jamais oublier. De même, j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je
n'oublierais, de même que dans l'amour…. Comme toi, j'ai essayé de lutter de
toutes mes forces contre l'oubli, comme toi j'ai oublié … Comme toi j'ai désiré
avoir l'inconsolable mémoire, une mémoire d'ombre, de pierre. »
Hiroshima, mon amour. Marguerite Duras.
« Il y a 25 ans la vie
était douce à Tchernobyl » Michale Boganim
J’aime ce film. Il s’inscrit en
moi avec sa tourmente et sa beauté, ses ténèbres et ses amours. J’aime sa
musique, ses paroles et la générosité de la cinéaste qui sait offrir une
dimension humaine et juste à une vision d’apocalypse. Elle a su donner à l’exil involontaire une dynamique de vie et elle développe ainsi une réflexion authentiquement
source d’amour, de compréhension, sur le thème de l'arrachement à ses racines, sur la perte de toutes choses personnelles ; au delà du désespoir, au delà de la mesquinerie, au delà de la survivance.
Ce film est un splendide
témoignage, une leçon de vie.
Michale Boganim dévoile de manière pudique et sobre la souffrance du déracinement, de ceux qui ont du tout
quitter lors de la catastrophe de Tchernobyl. L’accident nucléaire, dans ce
film : « la terre outragée » est bien entendu fortement présent
mais il me semble être plutôt le « canevas » où se brodent les vies
des héros du film : personnages simples, humains, vrais dont les présences se
croisent devant nous, s’entrecroisent, allant ainsi du passé au présent sur le
fil du temps.
Dans la Zone, depuis la
catastrophe, le temps est il le même que celui qui régit le monde entier ? Là, aux abords de Pripiat. là où les animaux ont senti le danger avant toute
la population, là où la vie des habitants a basculé dans une horreur encore
incompréhensible, là où l’ingénieur mis au courant des événements par ses collègues commence à devenir fou…
Le temps est montré comme empreint de silence, de ce silence
inexorable du nucléaire, un silence que les humains n’entendent pas mais que
les animaux perçoivent.
Tout d’abord, on se rend bien compte qu'en parallèle de cette joie simple de la vie que quelque chose se passe. Des poissons sont morts sur les berges du Pripyat. Les animaux s'affolent, les arbres meurent. Mais les êtres humains ne voient rien, n'entendent rien. Se passe t'il réellement quelque chose ?
Le tout
début de la première partie du film est clarté, lumière, joie de vivre et
bonheur ; une forme d’opulence montre ceux qui sont « les
privilégiés », ceux qui travaillent pour la Centrale, et quand tout
s’effondre, lorsqu’il il faut partir en laissant sa mémoire derrière soi, on se
demande ; « qui comprend vraiment que tout est terminé ? »
Que jamais plus rien ne sera comme avant ? Qu’il faudra vivre, persister à
vivre, à s’en déchirer les tempes en pensant à tous ces morts, en partageant
avec les disparus, les fantômes, en ne pouvant oublier, en étant enclos dans
les souvenirs.
Survivre : vivre au-dessus
de la catastrophe ; vivre en
périphérie de ce qui a détruit l’émerveillement, la tendresse et le
bonheur quotidien.
Ce film est terriblement humain
et poignant ; il nous plonge au cœur d’une déchirure qui ne se referme
pas, d’une plaie que rien ne pansera.
Comment être là, présent,
travailler, manger, boire, danser et aimer quand un jour, tout a sombré à cause
de la folie de deux hommes, à cause d’une inconscience. Car on ne savait pas,
personne ne savait ce qu’était vraiment le Nucléaire. Ni que le gouvernement
communiste mentirait et attendrait trois jours avant de réagir.
L’apocalypse a eu lieu, là sur
cette terre de l’oubli, Absinthe, « Tchernobyl » où personne ne peut
oublier. Et ce train qui n'arrivera plus jamais, qui ne part plus jamais, les rails rouillent entre les herbes folles.
Michale Boganim nous permet
d’explorer la désespérance et également l’espérance de l’humain dans les moments d'exil, l’exil terrible de ceux
qui n’ont pas choisi de partir, de ceux que l’on a arraché à leurs existences
et, qui sans fin, veulent revenir à leurs racines. Ailleurs est toujours trop
loin ; là bas ce n’est pas chez moi, ce ne sera jamais ma terre, ma maison, mon appartement, mon jardin,
mon pommier.
Le récit du pommier, lu en classe
par l’adolescent qui a perdu son père ce jour d’avril 1986, et qui a grandi en
n’acceptant jamais qu’il soit mort, est poignant. Valéry est resté « enfant »
il est demeuré comme cristallisé, comme enfermé sur ce moment de la plantation de son pommier avec son père. l’enfant grandissant se bat avec ceux
qui se moquent de lui et disent qu’il brille ! Il grandit en gardant au
fond du cœur la certitude que son père est vivant ; Lorsque l’on n’a pas
vu mourir un être proche, il est si difficile de l’imaginer mort, enterré,
oublié. La fuite de Valéry dans la forêt, son errance dans la ville abandonnée
sont impressionnants de candeur ; j’avais envie terriblement de marcher avec
lui, de ramasser cette poupée, de dormir dans ce lit.
Qui est donc la petite fille qui
court ? qui joue ? Qui chantonne ainsi dans les rues de
Pripiat ? un fantôme, une survivante ?
Qu’est donc devenu le père
ingénieur qui semble errer depuis 10 ans ? Est il vraiment mort ou est il
vivant ?
Pourquoi Anya ne peut elle
partir ?
Pourquoi la mère d’Anya pleure
t’elle le jour du départ de Pripiat alors que la population pense revenir
très vite ?
Pourquoi ces ouvriers retournent
t‘ils vivre dans la zone quinze jours par mois ?
Pourquoi la mère de Valéry est
elle persuadée que son mari est mort ?
Tant de questionnements qui
incisent le cœur de ceux qui regardent ces images. Elles s’impriment en nous, y
demeurent et y parlent, racontent. La voix de la jeune mariée chante longtemps
en notre âme.
On se prend à dire aussi «
sviatej pamiat » « mémoire éternelle » pour tous ces
morts figés et gravés sur ces stèles issues du communisme quand les démesures politiques apparaissent
encore plus flagrantes et les mensonges encore plus hideux.
L’insouciance, la beauté, l’
innocence, la jeunesse ont disparu de la terre riche et profonde, cette
terre Ukrainienne de Tchernobyl. "Voyage Voyage..."ce refrain que l'on connaît tous et qui nous emporte, des ailes de rêve, un accent slave, une chanson de variété qui donne le désir d'un départ choisi.
l’invisible qui tue a été
reconnu, identifié ; ce qui
était intouchable est devenu
proche de l’homme.
L’exil de la population
évidemment rappelle l’arrachement des familles juives lors de la seconde guerre
mondiale, la déportation des Arméniens, l’exode de Moïse et tant d’autres exils
involontaires qui hantent notre humanité, l’histoire de notre monde.
«
Pardonne-moi,
comme pris dans le brouillard,
Je me blottirai contre ton manteau
Et dans le raide tissu noir
Je chercherai un froid si grand,
Et la si douloureuse renaissance
De ma jeunesse mortelle,
Que la destruction d’Hiroshima
Ne sera pas plus atroce que tes harmonies.
Alors je tends les mains en avant
Et me mets en route vers toi, qui m’aimante.
Et sur terre —
« Dans les derniers tourments,
Mon âme s’afflige ».
Arséni Tarkovski. Poèmes. 1959
« Pluie noire » sorti en
1989, du cinéaste Japonais Shōhei Imamura, ne peut
être occulté ; il est impossible d’ éviter la comparaison avec ce film qui
relate une autre catastrophe nucléaire et l’histoire d’une petite fille. C’est pareillement
le lieu du Désastre, d’une catastrophe écologique et humaine. La pluie tombe, aux gouttes qui s’écrasent,
sombres, lourdes, venus de nuages opaques et gris. Cette pluie qui fixe la densité de l’irradiation.
Je pense aussi à cette petite fille qui se regarde dans
un miroir, à la grange qui brûle et à la foret dans « le miroir »
d’Andreï Tarkovski.
Les gouttes charbonneuses
auréolent d’une sombre perspective l’avenir. « Hiroshima, mon amour »
de Duras et Resnais est également présent dans ce film. On ne peut l’oublier.
Ainsi que Stalker de Tarkovski, film prémonitoire.
La petite fille dans le jeu des regards et des miroirs ;
les pommiers fleuris ; la cabane en bois, les isbas tranquilles. Les cages
d’oiseaux, oh ! comme ces oiseaux enfermés symbolisent la vie des exilés.
la poésie est présente, c’est un récit très
poétique ; le chant qui
redonne confiance, la beauté de la nature renaissante, splendide dix ans après
la catastrophe ; les regards
de l’enfant et de la mariée qui se trouvent au travers d’un voile, puis se
trouvent et se retrouvent, au hasard du temps ; les pommes splendides
cultivées et récoltées, croquées par la belle Anya. "Non, tu n'as rien vu à Hiroshima".
Mais ici pas de chambre des
désirs. Les désirs sont morts, étouffés dan cendre. Une Pompéi à ciel ouvert.
Les amoureux chantent, la vie
s’anime encore dans les cœurs et… Pourtant, on découvre dans la deuxième partie de ce film la
lassitude, l’abandon à ce qui n’est plus ; une lancinance ; une forme
de « dansa macabre » ou les vivants cohabitent avec les morts.
Il n’est plus question
d’émerveillement, d’ enthousiasme, de joie du peuple. Un poids pèse sur les
corps comme pèse le sarcophage sur le réacteur. On n’entend plus non plus
ces voix dans les micros qui
exaltent le parti politique. Tout est plus gris, plus triste. Un No Man’s Land. Une terre dévastée. Une terre de sacrifice.
J’avais lu « la supplication »
de la journaliste Svétlana Alexievitch qui a inspiré le film de Michale Boganim
et qui, dans son ouvrage, interroge les rescapés ; « ils ne parlent pas de
Tchernobyl mais du monde de Tchernobyl, justement de ce que nous connaissons
peu, de ce dont nous ne connaissons presque rien. Une histoire manquée: voilà
comment j'aurais pu intituler ce livre (...) Je m'intéressais aux sensations,
aux sentiments des individus qui ont touché à l'inconnu. Au mystère. Tchernobyl
est un mystère qu'il nous faut encore élucider. C'est peut-être une tâche pour
le XXIeme siècle. »
Le passé est mort à jamais ce
jour d’avril 1986. Et pourtant la phrase d’Anya résonne sans fin :
Les survivants sont devenus des
témoins. Ils portent la mémoire d’hier, retransmettent. Anya est guide interprète
et la Zone offre son spectacle aux touristes curieux, apeurés ou téméraires. Les
bus se succèdent dans Pripiat, dans Tchernobyl. Les voyageurs photographient,
photos souvenirs d’une tragédie scellée qui se dérobe à l'entendement ; ce qui intéresse les
gens, les visiteurs, c’est tout ce qui est resté là, au milieu des décombres ,des ruines, au coeur de la fuite des
radiations, les endroits vides et
sans vie, ces déserts d’errance, semblables aux camps de concentration, aux
camps d’internement.
Les gens veulent toucher les
lieux de la misère et de la tragédie. « Ca se visite, ça se raconte,
ça s’achète."
Cette démesure inhumaine apparaît
malgré tout nécessaire car ne faut il pas ne pas oublier ? Ne faut il pas
témoigner ? Pour que cela ne recommence jamais.
Et pourtant…
On a dit que cela avait déjà
recommencé.
Véronique Guerrin
Véronique Guerrin
mardi 2 octobre 2012
Sur le grill, l'enfer...
Allongée, tu vas te faire griller !
Debout, tu es prisonnière !
Histoire d'une Barbie perdue au pays des Civilisés...
Le fruit défendu
Dans le jardin d'Eden, l'arbre du fruit défendu attirait Eve.
Mais elle n'était pas seule et il y avait beaucoup de fruits sur l'arbre interdit.
Mais elle n'était pas seule et il y avait beaucoup de fruits sur l'arbre interdit.
lundi 24 septembre 2012
Périphérie du singulier Remi Guerrin Amiens
EN RÉSIDENCE AU Carré Noir Le Safran / Amiens
EXPOSITION "Périphérie du singulier "
DU 28 SEPTEMBRE AU 09 NOVEMBRE 2012
Vernissage le 28 septembre.
DU 28 SEPTEMBRE AU 09 NOVEMBRE 2012
Vernissage le 28 septembre.
« J’aime progresser suivant l’intensité de la clarté: les espaces, les ombres, les éléments deviennent partie- prenante de la mutation du terrain, de ce que je regarde. Mon travail est orienté sur la transformation d’un territoire en une image simple. Je me situe lors de ma recherche dans un temps et un lieu particuliers, qui m’imposent leur équilibre et leur transparence.
L’image
photographique enregistre un espace conjoint à un vide sur une étendue réduite.
Fractions de paysage. Fragmentations de mémoire : repérer, observer,
analyser et cibler la diversité des paysages de l’environnement personnel,
proche. Lire ces paysages avec les yeux. Puis les écrire.
Minéraux, végétaux,
matières, formes … Tout ce qui est présent élabore avec l’imaginaire une
dimension artistique de l’image.
Déterminer la mémoire
et son impact ; Le territoire
est prétexte à études. Le lieu est aussi un endroit primitif, un espace de jeu,
de récréation. Tout lieu peut être vu ainsi. Expérimenter le rapport à l’espace par la trace, la
cicatrice, la marque. Une temporalité spatiale perturbée par un décalage.
Changer de perspective, se déplacer lentement. Aller au plus profond de
l’image, au cœur de sa structure, au centre de son identité.
Les procédés
primitifs que j’utilise (cyanotypes, tirages au charbon) me permettent de
rendre plus abordable, plus visible ce que je ressens. Travailler au rythme des
saisons, en questionnant le paysage comme présence, appréhender l’échelle des
choses en inscrivant la place et la trace de l’homme dans son contexte
territorial, arpenter, explorer ce qui est fragile et presque imperceptible ».
http://remi-guerrin.blogspot.fr/2012/02/elodie.html
mercredi 29 août 2012
dimanche 26 août 2012
samedi 25 août 2012
vendredi 24 août 2012
Tatiane Roy, Vézelay
![]() |
"Tu
ne connais de la mort
que
l’hésitation
C’est
à l’effacement qu’elle t’appelle
Pour
donner forme
A
l’insondable présence
|
![]() |
Celui qui marche
Dans le silence
Traverse le souvenir de son ombre
|
![]() |
Vers les rives du fleuve jaune
m’emporte le rêve du jour
Tout se tait
les feuilles, les vents
et les oiseaux aux plumes d’or
Et moi aussi,
je suis sans parole
|
jeudi 23 août 2012
Tatiana Roy, la dame du haut de Vézelay
«
L’ombre n’existait plus ni mon ombre à moi
absente
et présente à la fois
est
ce là une âme explorant le seuil de l’au-delà
et
traversant à gué sept fois le Styx
qui
mène à l’après vie ? »
Tatiana
Roy
« Ne
restera qu’un peu de vent »
Poèmes
Non
loin de la Cordelle : petite
chapelle des Franciscains, sur le chemin qui conduit à Asquins, un vieil homme raconte la légende
de la grotte des sept dormants d’Ephèse. Il se tait un moment puis
ajoute : « c’est là que reposait le corps de Marie de Magdala et les
dormants veillaient sur elle ».
Qui
veillera sur Tatiana dans le cimetière de Vézelay ? Il ne faudra pas
oublier de porter deux roses maintenant car Jules Roy n’y est plus seul.
Cherchez
la belle d’en haut, sur la colline, entre les murailles et les jardins
suspendus. Dans la basilique, les reliques de Marie Madeleine sont enchâssées
dans l’or. Sur un banc, j’ai trouvé un vieux réveil, il était 15 heures trente.
La dame du haut, mélodieuse, s’en est allée vers les Hespérides où elle dansera, où elle écrira des poèmes.
Les
feuilles ne tombent pas encore ; après-demain sera le 15 août, nuit des
étoiles filantes. Tatiana traversera les empires inconnus pour rejoindre les
terres où vont l’accueillir ceux qu’elle aimait et qui l’ont précédée, là où
« il n’y a plus ni peine, ni tristesse, ni gémissement, mais la vie
éternelle».
Elle
est seule pour l’instant, au profond du cercueil, dans la basilique où les chants orthodoxes s’élèvent. Des
touristes déambulent le long des travées, parfois leurs regards semblent
interrogatifs. J’imagine des anges poètes et je vois des lettres, des mots en
procession sur la rive du grand départ.
Une
roue de joie, les poèmes s’éveillent, les écrivains qui vécurent ici sont venus
accompagner celle qui sera ensevelie tout à l’heure en plein soleil. Les lueurs
des bougies tanguent. Des petits bouts de lumière arrachée à la nuit, à
l’obscurité, à la désolation.
Des
femmes se courbent vers le berceau où dort une fillette. Elles se taisent.
Elles ont oublié leurs noms et leurs misères, les mortes idoles. Elles ont
oublié le nom de la ville, le nom
des soldats blessés. La nuit était moite, les corps ensevelis sous les
gravats remuaient de temps à autre. Des fumées épaisses palpitaient dans le
sang de l’enfant. S’extraire à la souffrance de l’âme, oublier.
C’est
une chambre de célébration où implorent les images figées dans leurs cadres
dorés. C’est une chambre où il n’est plus possible de sortir de son songe, et
l’on tourne en rond, dans un village où
les maisons penchent leurs murs inexorablement vers le cimetière, le
vieux cimetière isolé aux tombes ravagées par les années.
Parfois,
Tatiana se cache dans la pièce aux livres, elle se love au milieu des feuillets
épars et elle lit, les histoires des enfants et les contes qui s’épuisent à
l’infini. Les « Russes blancs » depuis longtemps ont rejoint les
plaines ancestrales où voguent de fiers navires sur les eaux lourdes du sang
impérial. Nostalgie de ces heures tragiques où le peuple slave versait ainsi
vers les puits de la haine les richesses de sa culture et de son passé.
Pourtant, il fallait lutter contre l’oppression, la peur ; la colère se
déversait ainsi, longue plainte qui n’en finissait pas de s’éteindre et d’étreindre,
se déplaçant d’isba en datcha, et
de datcha en château jusqu’aux lointaines frontières. Les nobles fuyaient,
emportant dans leurs bagages des objets précieux, des reliques, des images
saintes. Un saint moine l’avait prédit « il y aura tant de larmes et de
sang que la terre ne pourra les contenir ».
Des
convois sont passés cette nuit sur la route poudrée d’éclats d’obus où l’arbre
brisé étend sa chevelure de
tourmente. Dans les charrettes, épars, quelques effets et des vivres. Vers
quelle autre vie ? Vers quel ailleurs fuir ainsi ? Je sais là-bas la
vieille femme qui pleure, je me penche vers elle. Femme des terres incendiées.
Offrir ses larmes à la bise écarlate. Un homme, meurtri par l’indifférence,
attend au bout de la route.
Tatiana
porte en elle cette histoire et cette mémoire ; les chants et les couleurs
sauvages ; les rires des fêtes sous les tilleuls en fleurs et les larmes
des icônes recueillies dans des fioles scintillantes. Elle a toujours gardé ce
sourire pétillant de jeunesse qui flotte dans son regard ; c’est ainsi que
j’aime à me souvenir d’elle, le poète qui parle doucement et qui scande ses
phrases de quelques gestes gracieux.
Elle
garde au profond de son cœur la beauté, l’élégance des femmes entières et
énergiques, à la plume qui court sur le papier. Elle vit entre livres, recueils et jardins.
Elle
n’était pas exilée, ni réfugiée
parmi nous. Comme l’oiseau
se pose sur le béton ou sur la pierre pour picorer quelques graines ;
comme l’hirondelle farouche décrivant des courbes dans les nues ; comme la
fleur aux pétales entrouverts, elle t’offrait quelques pépites inestimables,
des mots qui deviennent des fraises, rouges et douces. Les fraises de mon pays
sont si savoureuses, ici, elles ont beaucoup moins de goût. Elle était russe
jusque dans la fibre invisible de son
origine, en cette « préhistoire de son histoire natale. »
Elle
était infinité de méditations suspendues aux lèvres d’insolites conversations. Elle déployait des palettes
éclatantes. « Ici repose »
écrivait elle…
Elle
patientait dans l’enclos des herbes envahissantes, marchait dans le vieux
cimetière au gribouillis de croix cassées. Elle ramassait une pomme rouge dans
le verger, riait en voyant s’enfuir le lapin blanc, tendait la main vers les
pierres éclatées du rempart et caressait de ses longs doigts l’écorce noueuse
des arbres.
À
l’ombre de Marie Madeleine ses jours se terminèrent. Je pense souvent qu’elle
disait « qu’il est triste de vieillir, de perdre sa beauté et sa
transparence pour se parer de rides, d’amères empreintes. »
C’est
un vieux cimetière dans la solitude des jours passés qui l’accueille,
aujourd’hui, auprès de Jules
Roy ; la tombe d’à côté est
celle du couple Zervos. Un peu plus haut, Max Pol Fouchet…
Cherchez
la belle endormie dans le jardin des morts. Elle est partie vers le miroir des
jours anciens où l’âne Ulysse se tient sur la colline.
Je
marche, suivant le cortège qui descend sur le chemin, je pense au linceul sur
le corps menu, à un voile de noces et de nuages. C’était, en cette chaude
nuit, l’ultime lune de la terre qui
palpitait devant sa fenêtre. Des parfums d’Asie, d’excursions. La
mélopée du cygne. Tatiana était danseuse de ballet.
Sur
la tombe, Des bouquets de fleurs: témoignage ; lys si blancs et roses
odorantes.
Hier,
c’était la neige, demain une autre rosée. Les chemins s’entrecroisent. La terre
bientôt gèlera, mais tu ne seras plus là ; tu valseras, déployée dans le flot
du vent. Non, ton corps n’est pas promis à l’oubli mais à une éternité
d’aurore…
La
dame d’en haut chevauche le cheval de la mort.
« Ah !
Si elle avait pu mourir ainsi sans masque de la mort, telle une rose dernière
qui fane doucement dans son vase ! …
«
Chacun va vers la mort par ses propres voies. » écrivait Tatiana dans « l’âne sur la
colline. »
Telle cette rose qui
fane lentement, elle a vécu sur la colline, bien après que son époux soit
mort ; il lui avait offert un
poème pour leurs noces dont voici un extrait :
« Salut,
rose déchirée de mon coeur,
toi
que j'ai réclamée à genoux dans les basiliques,
pour
qui j'ai fait brûler des cierges et que j'ai cru
rencontrer
sur les chemins de terre où je sifflais mon chien
…
Tu es
celle qui comprend sans même besoin de parler
Et
au-delà de ce que je dis quand je parle
Tu es
celle que j'appelais du fond des âges de la voix des bêtes
blessées
Qui
refusent la mort, l'âme de mon âme immortelle,
La
nuit d'étoiles et la nuit de neige.
…. »
La
Lorelei de Vézelay est entrée dans l’indescriptible mémoire du monde, au sein
de ce magnifique silence de l’après toute chose ; en ce mystère qui fait
tressaillir.
Elle
est entrée dans le chant parfumé de la belle Ophélie ; ses pas sont légers
sur l’onde du Styx. Les fruits ailés de l’orme du sommeil l’accompagnent sur le
chemin. C’est une Madeleine, une dame à la licorne, une princesse devenue
invisible à nos yeux.
Elle
demeure dans le rêve comme l’enfant au cœur de la nuit ; la porte
s’ouvrira, au rayon tapant de la lune de minuit. Pour grincer, tourner sur ses
gonds, dévoilant l’espace tendu de vide où l’on ne peut s’avancer tant que l’on
est vivant.
Elle
ira seule, choisissant cette image d’elle-même qu’elle aimait tant… Attentive, noble. Regard étonné, joyeux. Un corps en amorce de vagabondages,
buissonnier ; Un sentiment de repos et de plénitude.
C’est
ainsi que j’aimerai me souvenir
d’elle, la dame de la colline, blonde et gracieuse entre les chèvrefeuilles et
les hirondelles de la fête de la dormition quand son âme s’est offerte
à ce moment où il « Ne restera qu’un peu de vent ».
J'ai beaucoup apprécié l'hommage ému rendu par Lorant Hecquet à la dame au phoénix, la dame du haut ; l'oiseau de feu brûle au firmament du silence. et s'envole vers l'éternité.
la petite fille de Tatiana a parlé de sa grand mère avec des mots simples et doux, des souvenirs merveilleux qu'elle gardera toujours en mémoire avec sa famille, le témoignage d'une transmission de l'amour de la Russie, de la beauté, de la musique et de la danse.
Madame Lacarrière a lu les poèmes du dernier recueil de Tatiana. Les phrases suspendaient le temps, nouant les coeurs à l'âme, s'accrochaient aux branches des arbres et se déposaient dans le berceau des fleurs.
la petite fille de Tatiana a parlé de sa grand mère avec des mots simples et doux, des souvenirs merveilleux qu'elle gardera toujours en mémoire avec sa famille, le témoignage d'une transmission de l'amour de la Russie, de la beauté, de la musique et de la danse.
Madame Lacarrière a lu les poèmes du dernier recueil de Tatiana. Les phrases suspendaient le temps, nouant les coeurs à l'âme, s'accrochaient aux branches des arbres et se déposaient dans le berceau des fleurs.
L’office orthodoxe a été célébré par Père Stephen Headley
accueilli par les moines et moniales de la Fraternité de Jérusalem dans la
basilique de Vézelay. et assisté du père Nicolaï Tikonchuk.
Tatiana Roy était l'une des fondatrices de la paroisse orthodoxe de Vézelay.
Véronique Guerrin
Tatiana Roy était l'une des fondatrices de la paroisse orthodoxe de Vézelay.
Véronique Guerrin
mercredi 8 août 2012
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