jeudi 2 août 2012

Souvenirs de famille : "la mariée était en blanc"

Plusieurs possibilités s'offrent à l'imagination :

- C'était un soir, avant le bal, dans la demeure endormie. Seule l'horloge lançait son tic-tac régulier, dehors, dans la rue, aucun bruit de pas qui s'éloignent ; La chambre est silencieuse.

- Juste avant de partir pour une soirée, la jeune femme s'est assise sur son lit. Elle se repose un peu après une longue journée. Le couvre-lit est doux au toucher. Sa robe légère la fait un peu frissonner. Elle se sent toute emplie de bonheur, un bonheur particulier. Puis elle s'est souvenue qu'ils avaient joué aux cartes, hier soir, très tard.

- C'était une nuit hivernale ; il faisait très froid dehors. La neige tombait à flocons lents et duveteux. Le vent bruissait derrière la fenêtre close. Rue Patou, pense le  fils de la dame en question, la jeune mariée souriait à son époux. La chatte blottie dans son panier, dans la cuisine, ronronnait doucement. Augustine avait crocheté l'un de ses éternels napperons avant de s'endormir après avoir récité son chapelet. Suzanne, au premier étage,  se déshabillait, lentement ; son chapeau était accroché dans l'entrée, près du vieil escalier.  La fête était terminée. Une nouvelle vie commençait pour tous...

- C'était dans une maison de ville, au coeur de la nuit. En automne ou en hiver. Dans la nuit certainement. André, le père de la jeune femme voulait la photographier avant qu'elle ne range sa jolie robe de bal. Ses gants sont tombés au pied du lit mais on ne les voit pas sur la photographie. Une agréable complicité existe entre celui qui photographie et la jeune femme, les regards semblent s'unir, en une douce sérénité.

- "- Mais non ce n'est pas rue Jean Jaurès ! C'est rue Patou, c'est la même horloge que celle d'Audresselles !
- moi je ne le crois pas ! C'est rue Jean Jaurès ! "

Je vois bien ces images en point de départ d'un film. Le corps de la jeune femme enveloppé de cette robe assez sculpturale, entre ombre et lumière donne le désir d'explorer mille possibles ; imaginer diverses scènes. Je pense à Rebecca, à Jane Eyre, par exemple.

Mais d'autres images de films me traversent l'esprit.

"ces photos ont été prises par mon père à Ronchin, avant le départ en soirée! C'était le jour de mes noces, 
explique la jeune "princesse" en longue robe . 
Je suis vêtue d'une robe en tulle d'un bleu dégradé allant du plus clair pour le haut au plus foncé en bas.C'était normal de changer de robe pour la soirée de mariage."

Princesse entre ombre et lumière












  • Vinika : on pourrait imaginer un film à partir de là ... de cette chambre, de cette robe... de l'ombre et de la jolie demoiselle !

    Astrid : Oui je pensais justement la même chose, cette photo fait très cinéma, avec l'ombre et le regard de la jeune femme!

    Astrid : Elle aurait pu être actrice! Le regard, la robe, l'ombre et le décor et hop on se croirait dans un vieux film!

    Vinika : tout à fait ! C'est une très belle femme. Va y ! à toi le scénario!

    Vinika : Cette jeune femme est vivante à jamais dans l'espace-temps où elle a été photographiée. elle demeure ainsi inaltérable et dans une justesse inébranlable. Ce que j'aime aussi c'est le jeu de cartes sur la table... Mais est ce que ce sont des cartes ?

    Astrid : Moi aussi j'aime beaucoup le jeu de cartes, on pourrai voir cette scène dans un Hitchcock avec l'ombre, les cartes ou quelques papiers? on se demande justement, le lampadaire et l'horloge, ça pourrait faire très film de suspens.






lundi 30 juillet 2012

Braderie à Plouha, quelques photographies et négatifs

J'aime ces braderies où l'on trouve, entre les bijoux anciens et les bibelots désuets, quelques images qui appartiennent à la mémoire des autres. Je les achète et les garde comme un trésor ; elles sont émouvantes, belles, surprenantes ; elles invitent au voyage.
 Le dépaysement vient de si loin, du plus profond d'hier, là où nos pas ne peuvent se perdent, dans ce dédale où Ariane ne nous tend aucun fil d'or.
Je ne saurai jamais rien de ces gens mais il me semble les connaître. Ils nous ressemblent.

La 1ère photographie scannée me semble être le monument Napoléon d' Ajaccio...








Souvenirs de famille, la mémoire est une histoire.

Les lieux portent en eux la mémoire des personnes qui y vécurent. Les maisons aussi ; il est doux de pouvoir revenir dans la maison de ses ancêtres, de retrouver les portraits, les meubles, les armoires et les linges d'un temps révolu.
Ces fragrances des souvenirs, l'odeur des jours oubliés, le parfum porté par une soeur, une tante ;  la mélodie des heures révolues est toujours présente dans les pièces vides aux lourdes tentures fermées. C'est parfois terriblement douloureux. Quand la maison est "perdue" pour la famille, revendue par exemple, les albums de photographies, les livres, les carnets, les lettres  demeurent des ancres de survivance et permettent de construire l'histoire sur plusieurs générations ; ce sont les racines de l'arbre familial.
Je pense au film : "la chambre verte " de Truffaut. "On ne pense pas assez à eux, à tous nos morts  ! " dit il.
Entrer dans l' album photographique d'une famille, feuilleter page après page, ou scanner négatif après négatif ces parcelles précieuses équivaut à  s'avancer dans un mausolée aux portes entrouvertes ; c'est découvrir une robe aux tendres coloris, voir la fenêtre ouverte vers le verger, percevoir le murmure dans la chambre des enfants ; entendre les voix des êtres du  passé qui reviennent vers nous, pour un instant fragile.
C'est aussi pénétrer presque par effraction dans l'histoire  de l'autre, d'un autre.

Ainsi  passent les saisons et les vies, l'une après l'autre, en un long chapelet de corps et de parfums, sur une route  d'éternité.

J'ai aimé effleurer juste un peu, à peine  toucher  les fleurs endormies dans le vase d'hier, au coeur du salon aux poussières d'or, là où les étoiles comme des regards  brillent dans la nuit.

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- Demeure familiale de la Famille Rogeau à Armentières Rue Denis Papin / Industriel du textile. Bombardée pendant la guerre 1914/1918 et reconstruite ensuite.
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- Edmée Rogeau 1895 à Armentières / 15 novembre 1981 à Lille ;  Née d'Alfred Emile Rogeau, industriel de la toile à Armentières.1861/1934 marié en 1891 avec Pauline Clara Henriette Gille 1871/
Les parents d'Alfred Rogeau sont ; Jean-Baptiste Désiré Joseph  Rogeau 3 mai 1830 / 19 décembre 1897 à Armentières, industriel de la toile. Babriquant de Toiles. marié avec Stéphanie Esther Eléonore Hay. 11 septembre 1837/24 septembre 1896 à l'âge de 59 ans, à Armentières, rue Denis Papin.
Les parents de Jean Baptiste Désiré Joseph Rogeau sont : Aimable Jean Baptiste Joseph Rogeau, 1802/1892 et Marie Catherine Angélique Joseph Planque 1806/1888/
Les parents d'Aimable Jean Baptiste Joseph Rogeau 1802/1892 mariés en 1829  sont Jean Baptiste Rogeau marié avec Marie Angélique Hémar 1771/1851
Les parents de  Jean Baptiste  Rogeau : son père Jean-Baptiste Archange Rogeau ;  épouse Reine-Marie Lezier/ avant 1802

Edmée Rogeau  épouse Carpentier André qui est industriel filateur  puis  directeur fondateur d'une biscuiterie à Ronchin, rue Jean Jaurès.


- André Carpentier : 7 septembre 1894 à Lille / 3 juin 1956 à Ronchin.

. est fils de Paul Auguste Carpentier : avocat au barreau de Lille ; fondateur et secrétaire de la Société protectrice de Lille des enfants emprisonnés et moralement abandonnés; écrivain et poète  sous le nom de plume de Jules Dagniaux ; a reçu le prix de l'Académie Française pour sa traduction de Heine. Vivait 35 rue Jacquemars Giélée à Lille. Commandant dans l'armée.

Texte issu de la société protectrice des enfants prisonniers et moralement abandonnés de Lille. Un grand merci. 

Maître Paul-Auguste CARPENTIER  


Né en 1861 Paul Auguste Carpentier devient avocat en 1883. Lui et ses confrères du 
barreau sont quotidiennement confrontés à ce problème de l’enfance en difficulté. 
A l’occasion de son cinquantenaire professionnel, le 30 janvier 1934, Il est décrit en ces 
termes par le M. le Bâtonnier Emmanuel PRUVOST : 

« [...] Avocat, vous l’êtes dans toute l’acception du mot. Et personne plus que vous 
n’aura mérité cette appellation « d’honnête homme », telle qu’on le concevait au 
XVIIIème siècle. Vous êtes de ceux qui considèrent qu’il n’est pas de véritable avocat, 
sans une culture vaste et approfondie [...]. Jeune avocat, vous rimiez déjà. Et cela ne 
vous empêchait pas d’affronter l’étude d’un droit particulièrement ardu, le droit 
international, et de mener de front la traduction des textes allemands les plus 
difficiles et des auteurs latins ou grecs les plus savoureux, car nous savons que ni 
Goethe, ni Schiller, ni Horace, ni Platon n’ont de secret pour vous. 
Vous fûtes élu Bâtonnier en 1909. Et votre Bâtonnat, avec l’éclat que lui donnaient à 
l’époque les grands banquets de l’Ordre, fut il m’en souvient, particulièrement 
brillant [...]. Vous taquinez la muse d’une pointe d’humour. Tout pour vous est 
occasion de rimer, et vous rimez avec tant d’élégance. Puis-je rappeler, sans être 
indiscret, que celui qui publiait de si beaux vers sous le pseudonyme de Jules 
Dagniaux c’était vous ? Puis-je rappeler que votre goût pour les lettres, les lectures 
prolongées des poètes de l’antiquité et de l’Allemagne, des amitiés comme celle de 
Marcel Prévost (qui vécut plusieurs années à Lille vers 1890), vous  influencèrent 
assez pour que vous consacriez vos trop rares loisirs à traduire : d’abord de courtes 
pièces choisies dans les littératures grecque ou latine, celles-ci en collaboration avec 
G. Houbron et que vous avez rassemblées dans un livre qui porte le titre « d’Etudes 
Antiques ». Et puis les poèmes les plus souriants d’Henri Heine : « Le Retour » que 
vous traduisez en vers français, ce qui vous vaut le prix de l’Académie Française en 
1891 [...] Poète, juriste, avocat, vous avez fait la preuve éclatante que vous  
considériez la profession d’avocat comme un art, comme le plus beau de tous les arts 
[...]. J’allais oublier que comme Avocat, vous êtes choisi comme Vice-président de la 
Commissions des Prisons, et Vice-président de la Société des Enfants Moralement 
Abandonnés, et que vous montrez là votre souci des questions sociales, dans ce 
qu’elles ont de plus élevé, de plus délicat, de plus humain[...]. Nous avons voulu fêter 
en vous, Maître Paul CARPENTIER, l’avocat complet, honnête homme, celui qui, dans 
tous les domaines, comme avocat, comme poète, comme officier, comme homme, a 
donné la mesure d’un esprit délicat, cultivé, légèrement voltairien, exclusivement 
français [...]. » 


S’agissant de la Société de Patronage, ce même 30 janvier 1934, Maitre Paul CARPENTIER 
répond en ces termes : 

« [...] Il est vrai qu’il y a plusieurs décades, j’ai pris l’initiative de la fondation de la 
Société de Patronage des Libérés et des Enfants Moralement abandonnés. Mais ce 
n’était là qu’ouvrir les voies à mon successeur, Maître Robert STAHL, qui a exprimé 
tout le suc de cette idée. 
Depuis la guerre, il a fait construire un asile pour les garçons et en a aménagé un 
autre très confortable pour les filles ; ce que je n’aurais jamais osé même envisager, 
il a fait cinq cent mille francs de dettes, mieux que cela, il les a remboursés. Vous 
voyez que je n’ai été qu’un ferment. 
 12 
Vous avez aussi rappelé ma vice-présidence de la Commission des Prisons, où je siège 
depuis 1893. L’intérêt que je porte à ces travaux est du même ordre que celui qui 
m’avait penché sur l’enfance malheureuse [...]. » 



. La mère D'André Carpentier s'appelle Louise Merveille.


André Carpentier était filateur ; il voulait devenir importateur de coton au Havre ; Engagé volontaire, le 10 mars 1913, il est agent de liaison en 1ère ligne du front en 1916 et reçoit la croix d'honneur pour hauts faits d'héroïsme et de bravoure.
 Il est libéré définitvement de l'armée pour blessure au genou en 1940; notifié lieutenant de grand valeur et bachelier. A reçu  la médaille de la victoire et l'ordre de la brigade en 1934.



" A  ma connaissance, dit sa fille,  il n'y a jamais eu de château Rogeau à Armentières, donc pas d'appartement loué vers 1950,  ni de feu qui l'aurait brûlé. 
Il n'y a eu  rue de Solférino qu'en 1957, maman y a habité seule avec Janine et Paul-André. Au début de leur mariage, mes parents ont habités à Orchies, mon père travaillant " au moulin des loups".
 En1924, ils sont arrivés rue de Marquillies pour débuter la biscuiterie ; les lieux devenant étroits, ils se sont installés à Ronchin en  1926 qu'ils n'ont jamais quittés si ce n'est au décès de papa le 03 juin 1956. 
La maison étant trop grande, maman l'a vendue en 1957 pour aller s'installer rue Solférino au deuxième étage jusqu'aux mariages de Janine et Paul-André. Ensuite elle a pris une chambre au 2ème étage rue de Valmy chez les bonnes soeurs.
En fin de course elle est revenue à Ronchin en appartement, non loin de son ancienne maison.


 Ronchin, 121 rue Jean Jaurès,  La maison et l'usine sont devenus centre d'assurance, garage, cabinet médical, laboratoires d'analyse médicales et immeubles. Une époque aussi une partie de l'immeuble était reconvertie en entrepôt de pépiniériste.

On voit sur les photographies le 121 rue Jean Jaurès à Ronchin.

Le 318, rue Solférino à Lille est devenu L'IME La Roseraie. (Institut Médico Educatif)

Sur l'une des photographies le moine est Jean Dion, fils de Cécile Carpentier épouse Henri Dion et de l'oncle Henri Dion.

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