dimanche 9 octobre 2016

l'Ophélienne

l'Ophélienne
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Ophélie flotte sur les nuages d’eaux,  les vagues de fleurs
Juste étonnée de se ressentir si légère
Entre les mains de la grande ombre
Et d’être prise, enlacée  par  le corps de cet éternel repos
D’ entrer dans ce jardin des captifs,
des énigmatiques roues de la destinée,
qui tournent et ne s’arrêtent jamais

Là où chacun s’inquiéterait de disparaître, elle se laisse aller,
se détend, seul le lever de la brume la glacera un peu,
mais alors, dans les cercles spontanés du ruisseau
jailliront les fées qui l’accueilleront
au pays où le vent n’est pas d’agonie,
ni d’inquiétude…
Pourtant, les bouleaux blancs pleurent, frémissent sur la terre,
Les oiseaux ne chantent plus
Ou alors si loin, bien trop loin d’ici

Je prendrai la route vers  moi-même
allant ainsi par les sentes creuses emplies d’herbes sauvages,
là où personne n’est jamais descendu
J’emplirai de mes pas les allées de cendres noires
Et je les disperserai
Je descendrai les gouffres profonds, béants où gisent les morts
S’ils se réveillent je me mettrai à rire,  je ne les regarderai pas
Je franchirai la source bleue et la source verte,
j’irai ainsi, lentement, sans vieillir, sans grandir, sans racines
Au présent du silence je trouverai mon enfance et ma solitude,
le seuil de la solitude rouge

Quand l’orage grondera sur la mer,
sur  les vagues aux vastes légendes perdues
je lèverai le regard pour me perdre dans l’éclat de la lune

Dans les dunes, je trouverai les grottes d’ombres
et de paysages esseulés où se couchent les astres morts,
je pourrai découvrir ces antres emplies de coffres de pirates,
je ne prendrai rien

Ce qui sera beau alors sera le déploiement des bijoux,
des colliers de perles fines et des diadèmes étincelants,
les coutelas et les fusils abandonnés, les tissus précieux brodés
Je ne craindrai pas les corps momifiés des errants des mers,
Je les enjamberai et j’irai plus loin,
N’emportant rien que le souvenir de ce que j’ai vu

Car derrière les grottes, derrière les antres,
Il se trouve le pays secret
C’est toujours au bord de l’océan que tu peux trouver
l’entrée magique de l’autre monde, l’inversion du nôtre,
le monde à l’envers de soi même

L’apesanteur, tu deviens le Pendu, tu te retournes

Ce qui est introuvable appartient à hier
N’est pas important

Il n’y a plus rien à chercher

Tout à coup, sortant de la grotte, tu te retrouves ailleurs,
mais  la mer, et la plage, et le sable sont les mêmes
/ malgré tout différents/

-       « tu n’es plus ici, tu n’es pas de là-bas,
tu es de nulle part »