mardi 1 octobre 2013

un jour si blanc et tant de fleurs

Le décor permet d'imaginer...




Et le lapin blanc sortait du chapeau noir...




Venise
Séquentiel Bretzel : Le décor permet d'imaginer que ces deux personnes debout pourraient tout aussi bien être allongées dans leur cercueil sans que le décor n'ait besoin d'être modifié, un décor permanent capable d'offrir à moindre frais une installation multifonction pour figer les moments clés de l'existence."
Vinika : « dans un cercueil blanc, aux poignées dorées, en bois de palissandre, avec un long voile qui ensevelira les corps avant la descente en terre... Lorsque cette barque funéraire sera fermée, clouée, et cachée par l'argile molle et les fleurs blanches, si blanches comme les mains de ces morts, comme le voile de la mariée ou la robe de deuil ; un deuil blanc, si blanc... Ainsi, dans la terre noire, un voyage ou un non- voyage ? Vers quel départ ces noces impromptues, Les photographies de ce voyage à Venise c'était bien plus tard lorsqu'elle retrouva R.... Son bel amant... Et que son époux reposait solitaire dans le creux d'un cimetière, lui qui était magicien, quel lapin blanc faisait il sortir de son chapeau dans le jardin des saisons infinies ? »
Vinika : « Quelques années plus tard, un long voyage à Venise, ses canaux, ses lagunes, les pigeons de la place St Marc et la mer, tous les clichés de Venise mais aussi l'amour à Venise, évidement, et les gondoles... Elle se perdit entre ruelles et musées, au bras de son amant d'un autre été, 1974 où séparés, ils se languissaient l'un de l'autre. »

elle avait un amant...








.. .. 1975


Mon seul amour pour toujours,

trois jours de séparation… Le temps aujourd’hui a été au diapason de mon état d’esprit : non plus tourmenté mais d’une profonde morosité. Il règne en moi ce soir une douce tristesse qui fait quand même moins mal que cet état d’anxiété permanente. Je ne puis malgré tout oublier le « paragraphe » de ma dernière lettre que tu as rayé immédiatement ; mais je souffre moins.

Mon amour pour toi ne saurait que sortir grandi de cette nouvelle épreuve, moyenne, certes mais succédant à combien d’autres ! Et pourquoi et en vertu de quoi, faut il que nous soyons toujours séparés, alors que nous nous aimons tous deux avec une passion extrême. Je me révolterai toujours devant les difficultés – que tu pourrais aplanir… - qui nous empêchent de nous donner mutuellement le bonheur auquel nous avons droit tous les deux. Il sera trop tard pour y songer et assez temps pour regretter lorsque je disparaîtrai.

Tu sais que je n’aimais plus mon mari, mais sa mort m’a blessée profondément en ce sens que j’ai compris qu’il voulait vivre intensément, peut-être par pressentiment, et que je ne lui ai pas toujours laissé la liberté nécessaire, qui, pourtant comparée à la tienne… Oui, j’ai compris à ce moment là que la vie était une chose fuyante qu’il fallait s’évertuer à emprisonner quelles que soient les circonstances, et ne pas se dire «  cela ira mieux plus tard… Ayons de la patience… Tout sera rose alors…

J’ai tant d’amour à te donner mais tu le refuses au nom de certains préjugés ridicules. Pourquoi ? Je n’ose quand même pas penser que tu aies des réactions masochistes ? Ou alors je suis obligée d’en revenir à mon fameux « paragraphe » … Je tourne en rond et je n’en sortirai pas ce soir.

Mon cœur va rejoindre entièrement le tien maintenant.  Je t’aime de toutes mes forces et je n’ai qu’une hâte, celle de me retrouver fortement serrée dans tes bras. Je t’embrasse avec passion. Je t’aime plus que ma vie

A très bientôt mon matou adoré

ta poulette à jamais

…….



Je ne sais pas qui a déchiré cette photographie ; je ne sais pas pourquoi cette photo se trouvait dans les archives du père de la mariée ; je ne sais pas où est enterré le marié décédé, ni si la veuve vit encore,

 si elle vit encore avec  son amant ?  

Ils étaient nés vers 1943 donc sont certainement vivants, voilà pourquoi j'ai parfois le sentiment de profaner toute une vie mais dans le même temps je me dis que ces gens qui s'aimaient, vivaient et passaient comme nous sur cette terre méritent mieux que d'être "broyés" dans la benne à ordures... 

Pourtant c'était la volonté de ceux qui ont tout jeté à la rue, le jour des encombrants... 

Ces gens et leur histoire étaient trop encombrants...