Dans le reflet de l'arbre
au fond de l'eau
le village englouti
Une sirène parfois
coiffe ses cheveux
et chante la complainte
de Pénélope
Derrière l'arbre noueux
aux racines d'eau
dans le gouffre de l'île
là
où il y eut un volcan fou
une magicienne a sa maison
Potions d'herbes folles
et fleurs de l'été
tisanes,
huiles réconfortantes
Une femme seule
dans une barque
s’approche en ramant
de l'arbre aux fruits de vent
en écho sur l'eau troublée
le corps de la sirène
se penche
étonné
vers le son d’une harpe
Sur l’eau en vagues
ses cheveux dorés
au soleil couché
Et la la nuit venue
un étrange souffle
Pénélope attentive se tait encore
ne répond pas
serait ce une illusion ?
Un rêve ou un songe
qui lui fait entendre
la voix d'un dieu
On raconte que l'arbre est magique et que ses racines cachent un trésor
C’est par cette île qu’on y accède
par des souterrains creusés il y a si longtemps
les hommes rouges les façonnèrent
il y a si longtemps
que nul ne s'en souvient
Dans ces souterrains éclairés par des lumières étranges presque irréelles
on rencontre parfois quelques squelettes
on y trouve des plumes de toutes les couleurs
des arcs et des flèches
Mais c’est un dédale
La voix dit alors :"- tu ne prendras le tunnel que si tu ramasses assez de
cailloux blancs pour marquer ton chemin
Il y a une clairière dans l'île
au nord où les cailloux blancs brillent d'éclats lunaires
c’est à la pleine lune qu'il te faudra les ramasser »
- « mais comment trouver l'entrée du tunnel ? » demande
Pénélope?
Il te faudra plonger et nager jusqu'à ce lieu mythique
où le taureau blanc rencontra la belle Ariane.
Il te faudra un collier de fleurs de jasmin blanc
que tu offriras à l’esprit de l’île
en les déposant sur le trident de Neptune
Au fond de l’eau salée
Pénélope se laisse glisser
une chute lente
dans un air liquide
Inconsciente, portée
par des vagues souples
et des algues en berceau
Elle repose seule
au fond d'une grotte
où scintillent
des lucioles de mer
Amphitrite en robe de lune s'approche d'elle
soulève sa tête
Verse sur son front
et dans sa bouche
une eau de vie verte
Poséidon frappe de son Trident
le sommet de son crâne
Pénélope s'éveille doucement
elle ne craint pas
ne souffre pas n’a peur de rien
La compagnie des dieux
lui semble familière
Au centre de la grotte
un lac sillonné
de flammèches
Au milieu de l’eau
sur un socle d'or
la statue d'un taureau blanc qui porte un collier de jasmin
blanc
Pénélope se redresse
salue les dieux
en se courbant
Amphitrite la bénit
lui tend une coupe
Elle doit boire
sans respirer
d'un seul trait
l eau du Léthé
Puis elle se souvient
comme Perséphone
Eole sortira d' Hadès
trouvera
le chemin de l'étoile
Les dieux ne sont plus là
Elle marche
au long du tunnel
sous la mer vaste
C’est toujours tout
droit
comme c’est singulier
Elle marche
des coquillages éclairent
d’une verte clarté
la paroi rocheuse
Elle va ainsi
de longues heures
comme en un songe
jusqu'a parvenir
à une porte de bronze
sculptée d’un cercle de sept dauphins
Au centre une sirène
qui porte un glaive
C’est alors que
une fille de l'air...
l’'air de rien
rien du tout
tout à laisser
c’est a prendre
apprendre de l'air du temps
du vent qui souffle
de l’eau dans la grotte
et le taureau lui aussi vole
c’est un Pégase taureau
un aigle immense vole autour d'eux
les entraîne dans son sillage
les étoiles tournent à l'envers
vers un trou noir
noirci de plumes et de suie
suivant le sens
d'un vent cent sens
sans sens
qui forment une nouvelle constellation
de Sion et d'ailleurs
d’ailleurs l'aigle qui fend l'air ralentit son vol
et se pose
repose...
là bas où tout ce qui se passe
appartient à l’espace
Pénélope attentive se tait encore
ne répond pas
serait ce une illusion ?…
mais enfin personne ne parle
juste le chant des vagues au loin