mercredi 4 décembre 2013

1,2,3 Soleil ! (extrait)



Le jardin sommeille auprès de la mer. Les orties le long de la route veillent, assoiffées.  Les cendres tombent du ciel. Dans la plus haute figure de ma tristesse est vivante mon ombre. Quelqu 'un pleure en moi. C’est une vieille femme assise sur l’herbe devant une tombe d’argile couverte de bruyères.  Sur la photographie incrustée dans la pierre, c’est mon visage que je dévoile lorsque j’écarte les branches du rosier qui s’entortille et grimpe. Au plus profond de l’obscurité de la cave dans la maison d’Alphonse, un silence presque religieux.
Buissons de myosotis où le ciel se fait si bleu et si proche, une eau de mer, noctambule, plage de souvenirs, autre temps, autre refuge. Le linge est pendu, les draps battent le vent, sur la corde tendu entre les deux branches du tilleul et du noyer.



Le jardin sommeille auprès de la mer. Les orties le long de la route veillent, assoiffées.  Les cendres tombent du ciel. Dans la plus haute figure de ma tristesse est vivante mon ombre. Quelqu 'un pleure en moi. C’est une vieille femme assise sur l’herbe devant une tombe d’argile couverte de bruyères.  Sur la photographie incrustée dans la pierre, c’est mon visage que je dévoile lorsque j’écarte les branches du rosier qui s’entortille et grimpe. Au plus profond de l’obscurité de la cave dans la maison d’Alphonse, un silence presque religieux.
Buissons de myosotis où le ciel se fait si bleu et si proche, une eau de mer, noctambule, plage de souvenirs, autre temps, autre refuge. Le linge est pendu, les draps battent le vent, sur la corde tendu entre les deux branches du tilleul et du noyer.

La poussière du jour enfle, gonfle : l’air est soudain si gris. Les rameaux des fleurs s’entrebâillent, découvrent un petit chemin qui monte vers l’aurore orpheline, somnambule.
Dans un miroir de chagrin, au fond du vieux couvent, la poupée oubliée se recouvre de toiles d’araignées. Le mur moisit là où glisse l’eau des pluies du Nord. Des octaves sévères se balancent sur les arbres. Les mains vertes s’agitent, se ploient vers les simples du jardin, les hortensias ici sont bleus. Ils ne tremblent pas sur le remblai sans soleil.
Les acanthes s’élancent, la dormante du cimetière est cette amante en robe blanche, passante de nos aubes. Lors du crépuscule la belle dame noire se cache dans les plis de l’obscurité. Qui se souviendra de ceux qui sont morts ? De ceux qui n’ont plus de nom ?
 Le brouillard nous égare parfois, tôt le matin, au sortir su lever. Sur la vague aucun bateau encore. La mousse muette s’accroche aux tristes enfances mais douce, humide, elle accueille le papillon. Demain j’irai somnoler dans la plus haute tour de la maison. Pas de batteuse venue dans le champ de blés.
Une hirondelle ce matin est entrée dans la chambre, la fenêtre était ouverte ; j’ai vu plus tard des mésanges dans le pommier à cidre.

Il y a eu ensuite beaucoup de pluies et un ciel délavé, parfois trop gris, pourtant, j’ai aimé regarder Jupiter la nuit ; il faisait doux vers trois heures du matin.
.Le film de Godard me fait penser à la mer,  à ces membres du réseau Shelburne, l’éternité recherchée, la liberté par la mer, la fragilité de la vie humaine, le paradoxe de l’existence, et l’étonnement de la volonté humaine qui fait  que l’homme peut se dépasser sans cesse pour l’amour des autres.




la blanche étrangère (extrait)


                     
Quelques dalles incrustées dans l’argile de l’allée centrale. Une branche morte, tombée. Les pommiers exubérants s’échevellent vers le toit de la maison. La nature est conquérante, victorieuse.


La main de la mémoire joue sur le piano des renoncements la note égarée ; poignantes, les fleurs se recroquevillent dans le vase bleu. La pluie tombe si drue. Les pierres murmurent. Les pneus abandonnés s’infiltrent dans le paysage, se mêlent aux hautes herbes. Le chèvrefeuille s’éclabousse de pétales, d’araignées et de gouttes d’eau. Les enfants ne jouent pas encore dans le jardin. Ils n’ont pas encore trouvé les pneus abandonnés mais je sais bien, je me souviens, quand ils jouaient en riant dans le clair après –midi.



C’était un jour différent. La lumière paisible s’assoupissait, nous nous endormions dans la profondeur de la grotte végétale, auprès du petit pont de bois. Maintenant, je déchire les eaux du souvenir avec délices car est tombée la deuxième gelée.

Véronique Guerrin