samedi 12 décembre 2015

Rue de la vieille lanterne (extrait)



Sur le gravier des longues promenades
Où s’éternisent quelques vieilles tombes
Au cœur des brouillards errants
Parfois une lune ronde toute pleine
Jette son œil sur la maison ensorcelée
Les doigts scandent le temps qui passe
La mort  au rendez-vous des jours effeuille mille fleurs
Ce serait un autre demain Qui ne fait que passer
Ici ou là-bas Ailleurs Une créature de cendres noires
Inaugure son dernier parcours

La maison est cet endroit qui nous scrute
Depuis les hauteurs du vieux jardin
Alors que se ploient les tiges des fleurs

Sur la terre devenue muette
Quelques mouches mortes et des escargots
Au creux du silence des pommiers
Dans le panier les pommes jaunes et rouges

Un automne si froid Les bourrasques de vent
Echevellent les arbres Branches tombées
L’eau du bassin recouverte de feuilles ployées

Rue de la vieille lanterne
Un cygne noir tremble au bout d’une corde
A la lisière féconde d’un univers inconnu
Ce qui arrive demain
Ceux qui étaient là derrière leurs fenêtres et se taisaient
Se taisent encore
Ce qui arrive hier
Vient de si loin Peut-être as-tu oublié le chemin
Qui porte tes pas vers la maison chaude
au creux des tilleuls embaumants
Ce qui s’enfuit dans la nuit
Ce soleil qui s’éteint, la crainte au ventre
Un tourbillon de formes entrevues dans le vaste jardin
Qui semble n’avoir pas de fin

Aucun poisson ne sommeille parmi les nénuphars
La lune tranche de son éclat les rêves de l’enfant
Je ne sais pas la douce chaleur du foyer
Où m’attendent ceux qui me sont proches

Je retrouve une figurine de roi mage
Dans l’argile retournée Quelques tiges de basilic
Mais je songe aux agapanthes bleues
Là où la mer gonfle ses écumes
Sur le rivage au proche de mon âme
 

Malgré le plan étudié à l'entrée du cimetière du Père Lachaise,  je m'étais perdue, il est étrange d'errer dans ce si grand cimetière, espérant retrouver le chemin vers cette tombe que je désirais vraiment voir...
De méandres en tombes, de sépultures oubliées aux roses de novembre, je l'ai trouvée malgré tout.
 
 La tombe de Gérard de Nerval











collages





mardi 24 novembre 2015

le labyrinthe des miroirs (extrait) et la tour du vent à Paramé



Chercher toujours Chercher l’aube : un élan vivant. Marcher en écoutant les vagues, scruter les ombres éparses alors que se faufilent quelques chauves-souris. Le village en écho des arbres se fait silence, consume la sève. La pluie balaie le chemin du cimetière. La maison se rend à la nuit. Un éclair d’origine Tu ne peux oublier que ce qui capte les images vient des yeux grands ouverts et de la main tendue.

La mémoire travaille sans relâche
Succède à une autre mémoire
La gorge chante une mer lointaine
Devant la mise à nu s’emparer du raz du vent à la tour du passage. Explorer les scories en quête d’une pierre précieuse. Le matin est frais, j’ai froid, les pierres se meurent de trop de soleil. Le lézard file si vite, les chats s’affolent et se battent. Comment nommer ce moment où le cou qui craque ouvre une trouée dans le corps ? Dehors, le café est vide, la terrasse dégagée. Ne pas s’éloigner de la vie, se tenir debout dans le vent qui se lèvera.

La tour du vent à  Paramé


La mouvante altitude du vent (extrait)




Il arrive que tout ce qui nous forme
Ne soit qu’une image sur une seule et immense page
Il n’y aura pas de livre ouvert ou fermé
Il n’y aura rien à déchiffrer Ni à comprendre
Il faut simplement voler à l’exil la promesse de l’aube
Mille éclats de lumières végétales
A la verticale du présent
Regarder tomber la pluie sur les feuilles rouges de l’érable
Les mésanges revenues Les plumes des tourterelles
Et le silence Aucun mouvement ne trouble le cœur
Juste un frémissement tout en haut des branchages
Une feuille jaune descend lentement Tourbillonne
La cheminée de la vieille forge se penche sur le toit
Tiendra-t-elle debout encore un autre hiver ?
Je vois sur le sapin vert des fruits rouges
Dans le ciel gris s’envolent les mésanges
La nuit est un dessin Une souple figure magique
Au front du berger qui joue de la flûte