La mer et le
ciel se courbent, s’'étreignent en une fulgurante ascension. Tout se tait
maintenant, le corps mouvant de l'homme suit les ondulations de la vague ;
ils étaient venus là, loin des visages amers du passé, loin des esquisses de la
ville, pour enterrer les cris dans le sable froid. Poids, sans limite et sans
faille, à porter en un dédale illimité et poids qui nous porte aussi, cette
pesanteur qui nous accroche à la fermeté de l’argile ; pendus à l'envers de
nous même. Noir et blanc sur la surface des eaux. La mer est miroir qui conduit
à l'incandescence de la chair. L'obscurité enfante la lumière.
Tout enfant naissant est une clarté. L’humain, pourtant,
demeure nu dans la nuit noire ; nu et vertical face aux opacités de la vie. Eclatantes
nervures de sel et de vent. Les dunes sombres s'étirent longuement sur le
paysage lointain des cieux encrés. Des roses noires déploient leurs pétales en
intermittence de poids et de légèreté. Noir et blanc, jeu de masques. Tu
pénètres le secret de la terre, le perd, le retrouve, toute attente devient poids
de lumière dans le silence de la nuit. Comme il est difficile de creuser et de
creuser sans fin jusqu'au seuil de son propre abîme, d'autres obscurités à
venir, d'autres lumières à contempler. D'autres vents aux embruns salés, d'algues
brunes et de chants marins. Devant l'éternité qui nous attend tous, on ne peut
que se taire. Il ne restera de nous qu'une photographie jaunie, cornée aux
coins, un peu grise aussi mais vaillante et gardant en elle l'empreinte de
toute une histoire. « Que restera-t-il de nous ? » écrivait François.
Véronique Guerrin
Véronique Guerrin