samedi 3 octobre 2015

il était une fois de Pologne en France, l'impossible retour


    

Léocadia / Franczisek /et leurs filles /nés en Pologne sous domination Prussienne
Venus en France pour un contrat d’une année dans les mines du Pas-de-Calais.



   Corons de Méricourt



Tous ces départs, ces voyages 
d’un demain, je reviendrai
L’immigration : ses valises, ses larmes, ses abandons.
Combien de douleurs dans le cœur de la femme ? De l’homme ?
Ils partent, ne savent s’ils reviendront, ni quand, ni comment.
La fillette morte en hiver est restée seule dans le cimetière.
Les trois jeunes frères n’ont pas été retrouvés, leurs corps sont restés prisonniers du  lac gelé.

Partir, ce serait tout quitter, comme pour de longues villégiatures, mais toujours, dans le coin du cœur où l’autel de la patrie est élevé, l’offrande des larmes car ce ne sont pas des vacances mais un départ sans retour, le cœur le sait bien déjà.

Retourner au pays. Sans fin y songer, tourner en rond dans cette pensée. C’était une certitude, une finalité. A ce moment là, ils ne savaient pas qu’à cause de la guerre, ils ne le pourront jamais.
C’est une histoire surprenante, l’argent gagné durant cette année d’exil pour acheter la ferme a disparu

-          Septembre 1929 Arrivée en France /Début du contrat de travail
-          Juillet 1939 Pologne le lieu de la ferme est choisi, le contrat est signé
-          1er septembre 1939 l’armée allemande envahit la Pologne
-          Le 3 septembre la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne
-          Septembre 1939/Fin du contrat de travail  

de France à Pologne l’impossible retour
« dévaluation bancaire » leur a t-on dit longtemps après

Des caisses de billets sont restées là, dans la maison de la famille, les enfants jouaient avec l’argent gagné en France

 C’était la guerre Plus aucunes nouvelles de la famille
 
Personne n’est allé payer la ferme / le frère a dit ne pas pouvoir le faire, l’argent reçu n’ayant plus de valeur.

Pourtant à cette époque là, en Pologne, il n’y a pas eu de dévaluation monétaire …

Wéronika décède en 1942 Sa fille l’apprend par trois coups frappés dans la vitre de la maison et l’horloge arrêtée Longtemps après, elle recevra une lettre…

Des caisses de billets périmés sont restées là,
  

 -  pour lui, c’était celui de la sueur de la silicose, de la tuberculose qui transforment le corps en reliquaire

Enterrement Franczisek / un 11 septembre1956

       - pour elle, celui des longues routes parcourues à bicyclette : travaux des champs de l’aube au coucher du soleil et la nuit, la machine à coudre : vêtements taillés, cousus et vendus sur les marchés 

Les enfants, en Pologne, quelques années plus tard, la guerre étant terminée, jouaient au marchand avec l’argent du chagrin et  riaient…

Cela  rappelait à Léocadia son ancêtre Kosmowski, dépossédé de ses terres, de son manoir et de son domaine par des prussiens  installés à Sarnow, dans les années 1780. Mattéus était un joueur invétéré et lors de longues soirées, il signait sa perte ainsi que celle de sa famille. L’échanson de la couronne était venu avec des huissiers partager ses biens entre Holendzy et Wegner.

En France, les immigrés priaient, pleuraient, leurs vies farcies de lentes prières et de communions, sous le regard du Christ bienveillant, dans l’adoration du prêtre tout de noir vêtu qui parlait leur langue d’origine et les confessait. Leurs vies structurées entre le travail, les fêtes religieuses, les chants et danses de leur pays, les baptêmes, mariages et enterrements.


 

Mariage polonais Corons de Méricourt



Tzemesno /Pologne vers 1920
Léocadia appelée Cadia est à droite avec un grand col blanc