dimanche 1 septembre 2013

Nuit sur vezelay aout 2013

une saison de ciels si bleus qu'ils deviennent rêve de rivière et de fleuve Voguer ainsi là haut S'éloigner Profil d'un feuillage incandescent Prendre la rue dormante de l'argenterie encore une fois et revenir Fugitive la chatte se sauve entre les hautes herbes C'est la nuit tombante 

Le jardin s'ensomeille fragile et limpide aux déployés d'arbres enlacés et d'aériennes fleurs Les couleurs se fondent en une vaste mer de Chagall Aucun bruit ne descend jusqu'ici

Le petit chemin des étoiles filantes Les étés des enfances ont perdu leurs parfums Les souvenirs qui nous enlacent nous saisissent s'inscrivent en nos mémoires comme un tremblement d'eau Bleus la voix qui murmure et le rire dans la rue Bleus les cieux du chemin et les branchages éparpillés

La pluie, ce sera pour demain Un accordéon joue encore plus haut Il n'est pas tard mais il fait déjà sombre Nous sommes là aux portes d'un murmure si bleu


Tout devient perspective de silence

La légèreté du soir tombant enveloppe le corps d'un léger brouillard qui repose Tout est clos Tout s'ouvre Et le jour glisse lentement vers le néant Demain rien ne sera plus pareil


le flou est un parti pris, non ?  ; le bleu n'est il pas toujours un peu"flou" ?

Vezelay août 2013 Noli me tangere










Lorsque le souffle du silence s'étire le long des plaines, le temps semble s'endormir
pourtant personne ne sommeille
ce qui s'accomplit là est un jeu : on aborde sur une île, on est accueilli, porté, aimé
Les jeunes sont assis dans de hautes herbes, bleues et mauves au soir couchant
les arbres fusionnent au blanc des nuages, presque gris déjà quand le soir tombe trop vite
Une mère porte son enfant haut sur son coeur, marche sur le chemin de graviers
Il fait presque trop chaud
Ici, c'est un retour presqu'un exil
les poissons dans le bassin se demandent qui viendra les nourrir aujourd'hui
Les poules sont seules Il n'y a plus de végétation dans leur enclos
Je pense encore, à hier chez Galia, une maison de pierres et de rêves
dont le paysage s'étire du jardin au ciel sur les franges des nuages
parfois la brume étire ses fils de soie
les verres de cristal emplis de vin et les chants des jeunes filles
le sentiment de rencontres non éphémères
qui inscrivent leurs palimpsestes sur les nervures de nos chairs
les perles d'un collier sur une table de bois
 un jeu sur le plancher, le rire d'un petit garçon,  le mur aux peintures qui frissonne
l'apéritif dans le verger,  assis sur le muret de pierres ou sur l'herbe,
s'allonge au rythme du soleil couchant
Jambes nues, aquatiques vertiges, la jeune fille marche lentement
Les garçons plongent du haut du pont, dans la rivière Sur le pont, elle regarde
L'ombre tisse sa grâce
l'eau compte ses lumières Libellules si bleues aux songes de chambre haute
le pain est chaud aussi Tout est chaud comme la pierre du muret
Sur la berge isolée l'empreinte d'un corps mouillé Je pense à Marina oubliée
Le bruit des pas décroit doucement sur le long sentier Les rires fusent La colline est si belle
La dame est assise en haut des marches Un chapeau de paille masque son visage
elle refuse un verre de vin le chien est couché sur le chemin
Sur la table les verres s'emplissent de vin blanc
La glycine porte alcôve
 aux draps défaits du jour Lydie marche entre les noisetiers et les pruniers dans le jardin
qui descend et qui monte Comment ne pas oublier
maintenant la fraîcheur du matin ? Une étoile qui danse ou qui chante
est apparue disparue revenue et qui va mourir plus tard Mouvements et danses de la création
dans le ciel tout est en éternelle transformation D'ici quelques jours la nouvelle étoile
sera morte Les membres des corps de  pierres et d'argile coordonnent leurs murmures
Une moniale passe vite devant nous Un chien aboie dans le lointain
Les herbes resplendissent Ailes blanches des papillons Atelier d'iconographe
avec vuesur la basilique Havre de repos
La maison est repliée sur l'ombre de la nuit comme encore
en prière Toutes ces feuilles sont autant de mains tendues dans le jardin foisonnant
Mais aussi j'aime ces pigments et ces jeux d'automates à faire fuir les pigeons !
La Vierge du Signe englobe le monde en un geste si rond Plénitude Des hirondelles,
 il y a longtemps, elles sont si bleues, le bleu d'une robe céleste, des poissons dans un panier,
des petits pains ronds, et la rose trémière qui se love sur le perron,
qui se couche sur la terre asséchée.
Le coeur est pris entre la petite maison et la maison de Galia
Beaucoup de pigeons les pommiers croulent sous les fruits La vigne n'a pas encore reçu assez de soleil, un village de Babel ; toutes ces langues étrangères qui s'entremêlent.
Des corps mouvants, petite musique des cosses et des feuilles dans le vent
toutes ces images pigmentaires imprimées gravées sculptées Un incendie de distance
trouver la bonne distance pour regarder et dévoiler l'essence même du regardé
Comment saisir ce qui ne se laisse pas saisir ? L'image porte à l'identification,
 à la multiplication des représentations ; "Noli me tangere" pourtant ; ne me touche pas ;
Le jardinier marche dans les jardins aux tombeaux vides Où est il le sépulcre creux ?
Animer Réanimer les ombres : perspective aux alentours de la mort
Nommer, appeler c'est lier, relier, peut- être offrir un possible départ ?
Le jardin des chants et des poèmes  jusqu'au bout de la nuit qui console
les voyageurs portent leurs ombres dans la déchirure du départ prochain