Ce serait un jardin de longues envolées Une entrée dans le pays natal où respire l’Infini La tranquille et lente remontée vers le visage de l’Intime Un creux dans le silence murmuré d’une éternité Tu ne peux confondre le vent venu des horizons lointains Et le souffle naissant du pays des enfances. Véronique Guerrin ( Je vous remercie de me prévenir si vous voulez utiliser textes ou images qui sont ma propriété.)
samedi 8 février 2020
jeudi 6 février 2020
"L'autre moitié du songe m'appartient" Alicia Gallienne Gallimard Février 2020
6/2/2020
Au courrier de ce matin, le recueil de poèmes d’Alicia Gallienne
«
l’autre moitié du songe m’appartient. » Gallimard.
Voilà déjà 20 ans maintenant que j’avais
reçu comme un cadeau le relevé du quatrain gravé sur sa tombe, au cimetière Montparnasse, espérant qu’un jour enfin un
livre paraisse qui rassemblerait les textes de cette jeune fille morte à l'âge de 20 ans. A l'époque je me promenais dans les cimetières et recopiais dans un carnet les textes que je pouvais lire sur les sépultures. Depuis si longtemps, j'ai perdu ce carnet de notes.
"Comme une ondée aromatisée de menthe désirante
mon âme saura sublimer et se défendre
Comme une pâmoison de fraîcheur délirante
Mon âme saura s'évader et se rendre."
extrait "des dominantes"
Alicia Gallienne 20/01/1979-24/12/1990
"Comme une ondée aromatisée de menthe désirante
mon âme saura sublimer et se défendre
Comme une pâmoison de fraîcheur délirante
Mon âme saura s'évader et se rendre."
extrait "des dominantes"
Alicia Gallienne 20/01/1979-24/12/1990
J’ai lu et relu avec émotion
le très beau texte de préface écrit par Sophie Nauleau qui nous conte avec
retenue, pudeur, sincérité et extrême sensibilité la vie de cette « étoile »
à l’âme secrète, comme elle le souligne : « la nouvelle Eurydice ».
C’est un merveilleux voyage riche
d’images, de voyages, de lieux inconnus et d’entrelacements poétiques qu’elle
nous propose avant que ne commence le recueil des poèmes qu'elle a choisi de publier.
Le temps qui bat monnaie
A créé l'or du soleil
mais moi je veux un sommeil immobile
Aux branchages verts
Aux fruits d'argent
Épargne-moi l'odeur du temps
Je crains de ne pas courir
assez vite pour revenir au passé
Je crains de mourir aux pieds
du soleil
Comme une ombre qui se serait
enfin retrouvée."
Le 10
janvier 1988
Alicia Gallienne
Pour Alicia G., mémoire éternelle
Pour Alicia, mémoire éternelle
ce 6 février 2020 / 1 heure du matin
ce 6 février 2020 / 1 heure du matin
Ce fut
juste un passage presqu’éperdu
quelques lignes gravées sur un marbre
une ample verdure, chevelure d'haleine fraiche, fleurie
dans ce jardin de Montparnasse
quelques lignes gravées sur un marbre
une ample verdure, chevelure d'haleine fraiche, fleurie
dans ce jardin de Montparnasse
L’île des mélancolies
déploie
ses rivages ensommeillés
le
vent aspire l’extrême des mondes engloutis
La douleur est un bois flotté
La douleur est un bois flotté
Aucune
lumière de crépuscule ne peut rendre la présence
à
contre-vie dans le cœur de l’aube
apparaissent
les fleurs du matin
l' étoile qui veille s'éloigne et revient
l' étoile qui veille s'éloigne et revient
Seule,
la vague qui n’est pas bleue mais de fond de ciel
ouvre
l’ œil aveugle au centre de notre front
nous
étions des cyclopes
« un
ange passe » dira la fillette jouant avec l’écume grise
tout le blanc s’est envolé
jusqu’à
peindre les nuages
l’oiseau
bleu est mort
au
cœur du verger s’enfouissent d’incertaines ombres
leurs
contours sont de rires, d’ailes
et
de songes
le
thym et la sauge ont gelé cette nuit
quelques
gouttes d’eau brillent au soleil
au
long du jour réinventer la magie des fées
la
mer qui s’étire, loin, là-bas,
s’allonge
alors que les dunes palpitent de tant de givre
Je
marchais hier sur un parterre de braises
désirant
l’aurore
Les
bougies dont les flammes respiraient pour moi,
à
la fenêtre, se sont constellées
Il
n’y a plus de lueur dans la maison
le
chemin se trouve au fond de la nuit
le
corps a quitté la tombe fraîche depuis si longtemps
Il
n’y a de clarté que dans la joie des noctambules
Je
marchais hier sur des nuances d'eaux
désirant
l’aurore et cet au-delà qui s'échappe
Les
arbres jettent des formes sur les murs des jardins
où
sont les libellules bleues, le sable, les fruits de mer dorés
et
la vague élancée
ce
qui est léger disparait avec les nuages
Dans
la chambre enluminée tu te penchais Demain,
pour
cueillir ta propre transparence
recueillir
un peu d’air et trop de sang qui s’enfuit, qui s’écoulera,
la
lavande encor ‘odorante,
Il
n’y a aucun mauvais sort,
juste
des regards qui s’éteignent
en
un abîme humide, tombe secrète
les
plantes ruissellent d’éblouissements, la terre resplendira,
c’est
un matin ensoleillé, il n’y a rien à comprendre,
rien
à entendre,
des
chevaliers porteurs d’épées argentées
glissent
à travers l’hiver On penserait qu’ils voguent
à
la surface de la terre frigorifiée
Lorsque
viendra la neige
la
mort somptueusement délivrera l’agonisante
les
fruits funèbres seront sur la table déposés
je
ne savais pas le regret de l’astre de Noël
Je
marchais hier sur un parterre de braises
désirant
l’aurore
L’invisible
étend son mouvement, un peu plus fluide
que
le bruissement du silence
l’ivresse
d’une impatience
Il
faudra suivre les oiseaux de passage
Déposer
l’offrande Ophélienne
là
où combattent les roseaux
La
neige scintillera, demain, hier aussi,
je
sèmerai des grains de givre
pour
traverser le miroir aux ombres flageolantes
C’est
Alice qu’il faut retrouver
A
la fin des oiseaux, la nuit s’achève
avant
le Passeur, viendront les jours immobiles
Des
murs de cendres, des murs, lointaines irréalités
encerclent
les arbres, brouillard très frais,
les
cygnes noirs glissent sur l’eau glacée
quelques
pommes jaunes tombées sur l’herbe recroquevillée
Une
source de poussière, dentelle grise et ouvragée,
« Dies
irae », ce qui était suspendu s’élève
Premiers
pas d’enfant dans l’hiver
les
empreintes s’effaceront, demain, hier aussi,
il
y eut d’autres empreintes
Pour
traverser le miroir aux ombres flageolantes
c’est
Alice qu’il faut retrouver
« Dies
Irae » écrivait Mozart sur son lit de mort
dans
la fièvre d’une dernière lacrimosa
Je
me souviens d’un temps où j’avais le temps
où
tu avais le temps de rire et de danser
mais
hier s’est épuisé
Alors,
c’est ici que nous déposerons les valises si lourdes
en
ce grenier poussiéreux
où
nous ne reviendrons plus jamais
les
poupées aux yeux clos
les
meubles vides, les livres abandonnés
Des
flammes et des fumées,
le
feu est rouge, je marche encore sur la terre brûlée
et je recherche
et je recherche
ce quelque chose d’inattendu,
couleur de cieux immortels
couleur de cieux immortels
Bientôt
les cendres s’envoleront
s'en iront bien
loin, il n’y aura plus de fumées, ni de feu
je
partirai vers un autre lieu
là
où le vent devient le porteur du temps,
d’un moment de vie plus léger
C’est
Aurélia qui danse entre les arbres, le Passeur
lance
des coquillages au reflux des vagues,
la
mer lointaine
Oser
poser la limite
Pour
traverser l’image aux alouettes
c’est
l’enfant qu’il faut chercher et retrouver
l’enfant
si tranquille dans le jardin clos et calme
aux
parfums de jasmin blanc et de marjolaine
Et
se poser, se déposer
sur
la tombe d’hier, quelques pages d’un livre
et
rire enfin de chaque simulacre strident
crier
comme la mouette au dessus des flots
Fille
du sable sous le soleil, se nourrir d’un rayon de miel
le
sablier brisé laisse filer ses grains argentés
quelques
gouttes de sang sur les pieds de la jeune fille
debout
au milieu des verres éclatés
La
neige scintillera, demain, hier aussi,
je
sèmerai des grains de givre
et
de lumière était la lune
les
feuilles mourantes au pied du tilleul
que
s’ouvre la grille du jardin oublié,
il
est un lieu si bleu
où
chaque soir n’est que quiétude, repos,
à
tout jamais s’y réfugier T'y rejoindre
Et
de soleil étaient les branches des arbres
en
cet hiver qui se joue de pluie et de vent
alors
ainsi, la voix de la fillette chantera encore
Et
de clartés d’étoiles, de ces planètes mortes depuis longtemps
les
fleurs aux pétales tombés au pied du lit qui tremble
autrefois
il y avait des mots que personne n’entendait
de
ces voix qui parlent, ne savent jamais se taire
les
voix qui se promènent dans la tête
elles
racontent tant d’histoires d'ondes et de vagues
Et
de silence intense étaient les espérances
les
mots se mêlent aux bruits de la rue
ll
n’y aura pas de réponses aux questions posées
Alice
et les autres filles, ses sœurs retrouvées
traversent
les étendues inconnues
Au
galop sur des chevaux bleus
Et
d’enchantement seront la longue plage,
la
petite maison aux volets ouverts
c’est
toujours le temps du passage, d’une attente
les
mouettes cherchent le sens de la liberté
moi
aussi je cherche le sens du vent
Et
de sable scintillant seront les heures des jours à venir
l’ombre
dans le creux de nos mains reprend sa place
l’horizon est truffé
de mirages et de fruits de mer dorés
sur
la plage au sable brillant où tout instant s'amenuise
et puis, ne
revient jamais plus
les fillettes fugitives raniment les rêves disparus
les fillettes fugitives raniment les rêves disparus
Et
d’écailles irisées-comme des poissons - étaient les mouvements des mots
le
rivage est courbe dans le miroir inversé
qui
parle ainsi du lointain de mon âme ?
Du
lointain de ton âme courageuse
Et
de lune sera le toit de la nouvelle demeure
sous
le voile de la nuit
Les
yeux des endormis
Se
sont ouverts dans le miroir des séparations
Dire
patiemment à la terre le courage de tous ces enfants éblouis
Quand
l’étrangère glisse encore
Sur
les eaux de lumières et d’étoiles
Les
mouettes disparaissent au loin
Jardin
de février au timide soleil
Quelqu’un
marchait dans le brouillard cette nuit
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