lundi 13 décembre 2010

les contes de Marie, l'étoile de mer


Pour Brigitte et François,



Si haut, une fille de l'azur tournoie au pied du temple d'or. Si haut, là où veille l'aigle sur le sommet immaculé. Au pied d'une statue sacré,e une fillette blottie. Les étoiles s'éveillent. Eclairs de lumière si blanche, sur la surface des eaux, comme des bras de femme endormie, au creux d'un lit de terre remuée. Si haut, venue de si haut, d'où vient elle d'ailleurs ? Une étoile des mers tombée sur les grains qui s'éparpillent. Une étoile des neiges, mon coeur amoureux... Une étoile des sables, mon coeur douloureux... L'Algérie, et ses crispations ses stridences qui labourent la chair, le silence angoissant du désert, l'ennemi nous encercle, nous mourons de peur. On a retrouvé des camarades je ne peux pas le dire, je ne peux pas l'écrire, si vous saviez ! Mais nous aussi, nous avons fait la même chose ! La honte sur nos mains complices, rouges de sang et noire de haine...
La lune ploie vers les ombres et la dune s'élance vers le ciel. La mer et le ciel se courbent. S'étreignent en une fulgurance éparpillée. Tout se tait maintenant, le corps mouvant de l'homme suit les ondulations de lavague, ils étaient venus là, loin des visages amers du passé, loin des esquisses de la ville, pour enterrer les cris dans le sable froid. Poids, sans limite et sans faille, à porter en un dédale illimité et poids qui nous porte aussi, cette pesanteur qui nous accroche à la fermeté de l' argile ; pendus à l'envers de nous même. Noir et blanc sur la surface des eaux. La mer est miroir qui conduit à l'incandescence de la chair. L'obscurité enfante la lumière. Tout enfant naissant est une clarté. Mais l'homme demeure nu dans la nuit noire ; nu et vertical face aux opacités de la vie. Les voiles d'Isis lancent dans les ondulations marines des éclatantes nervures de sel et de vent. Les dunes sombres s'étirent longuement sur le paysage lointain des cieux encrés. Roses noires déployant leurs pétales en intermittence de poids et de légèreté. Noir et blanc, jeu de masques. Tu pénètres le secret de la terre, le perd, le retrouve, toute attente devient croix de lumière dans le silence de lanuit. Comme il est difficile de creuser et de creuser sans fin jusqu'au seuil de son propre abîme, d'autres obscurités à venir, d'autres lumières à contempler. D'autres vents aux embruns salés, d'algues brunes et de chants marins, devant l'éternité qui nous attend tous on ne peut que se taire. Il ne restera de nous qu'une photographie jaunie, cornée aux coins, un peu grise aussi mais vaillante et gardant en elle l'empreinte de toute une histoire. Véronique Guerrin
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