mardi 13 mai 2014

Au fond


L’enfant sur la balançoire danse au rythme des feuilles, les fleurs dans le jardin livre leurs essences aux nuages qui glissent comme un navire sur la mer, petit bateau de papier soulevé par le vent et la mer, vaste et folle aux vagues turbulentes
L’enfant tourne, virevolte, volte face et face de lune ; la mère se penche vers le bassin aux poissons d’or, feuilles dorées collées sur les peupliers blancs, si blancs
C’est un rythme d’errance, le violon posé près de l’enfant, des marjolaines écrasées dans le creux des doigts, un parfum d’errance, comme cette danse populaire, les robes fleuries et les longs colliers bariolés, le jupon qui se froisse, si blanc dans le matin frissonnant
Qui aimerait encore souffrir ? Personne ne veut croiser le golem, c’est au détour du chemin que le pont s’effondre, à la croix de la vie, le sang qui goutte, mais la pluie
lave le cœur.
Dans l’aquarium empli de coquillages, si blanc aussi, une statue de femme, se penche. Une araignée se fond au fond du décor, si grosse, comme les monstres dans les rêves.
Mais ce n’est pas un rêve. Les mariés dansent, sous la pluie noire, si sombre… La nuit s’épuise à sauver les hommes des peurs et des solitudes. Là bas, le village où marchent les hommes  avec leurs pardessus noirs et leurs chapeaux.
Dans la cité minière, les enfants jouent à la marelle, une jeune fille sur son vélo roule et chante, les cailloux crissent sous ses roues, dans ses yeux, la polka tourne et roule comme le coquillage au fond de la mer, la vague du fond, si bleue, une lame aiguisée.
Perle le sang de la plaie qui ne se fermera jamais, au fond du fond de la mine, et tout est noir…


La cigarette écrasée sous le talon, tu marches dans la rue,
Des ombres se cachent au creux des immeubles aux volets fermés.
Une fumée s’élève de cette cheminée, la maison semble si triste,
à la porte entrouverte, la fenêtre comme un œil fermé,
le vieil homme fume la pipe, une pie se tient sur la branche du jardin.
L’érable si rouge, comme un drap brodé sur le lit du ciel
Sur la table de bois usé, des verres emplis de vin.
Les feuilles bougent, la fumée tournoie, les fleurs se referment
Lentement, quelques gouttes de pluie.
Elle chante sur sa bicyclette, et fuit vers le terril.
Caches toi parmi les ombres, personne ne te retrouvera !
Tous ces corps martyrisés jetés aux flammes,
Les enfants brisés, mais comme les hommes sont cruels,
Et les cendres, grises et blanches, semblable à une musique
Qui scande nos songes, on entendra toujours leurs cris
Ou leurs pas, désenchantés, dans le ghetto, enfermés.
Dieu aurait il déserté son peuple ? Comment survivre ?
A la peur, à la haine, à l’angoisse ? Comment prier encore ?
Et les femmes fragiles, fleurs anéanties, leurs bébés abandonnés
A la mort, à la faim, aux crimes impunis.

La jeune fille sur son vélo traverse les rues inondées de clarté, la vie toujours triomphe.  Mais si tu te tais tout recommencera. Mais si tu ne pleures pas avec eux, c’est que tout peut se reproduire encore et encore. Chante, et danse c’est ainsi que la joie transfigure l’univers, « Avinu Malkeinu », que tout se taise enfin.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire