dimanche 16 août 2015

Vézelay, août 2015




De soleil et de mémoire
La porte en bois, le trottoir inondé de pluie,
La fenêtre qui claque au vent
Le front penché vers la syllabe de la joie

S’accroupir devant la fleur ouverte
Aux pétales doux, juste un peu de silence
Une onde de paix comme si rien ne pouvait t’arracher à la vie, l’amour de vivre
L'abbatiale te regarde 
toi dans le jardin tu peux dormir ou rêver

Trois danseuses tourbillonnent sur les nuages échevelés, terriblement lunaires

au couchant du soleil, un apéritif sur le muret devant  la Galia,
un repas succulent dans le jardin, de main de chef, grand chef,
des tonalités de voix russes, anglaises, françaises s’entremêlent aux accents solaires d’une journée bien trop chaude,
des fumées de gauloises roulées montent vers les nues, 
un nuage en forme de minotaure, petit clin d’œil, c’est G. qui l’a vu, 
des zakouskis et du vin de Bourgogne qui coule pour notre bonheur
simplement la joie dans la présence de chacun 


C’était déjà hier, une longue veillée comme un vol d’amour ; les chants d’A. et d’I., la guitare au gré de la nuit qui tombe,  de superbes voix pour la fête de L. La cire des bougies coule sur les tables, forme des figures de stylites, de dames enrubannées, de blanches ensorceleuses et je les casse, écrasant la matière blanche et molle entre mes doigts, la sculptant puis l’oubliant pour un magnifique chant Yiddish et des danses stupéfiantes, ensorcelantes.



Ce qui nous précède vers le jardin
Appartient encore au temps d’une passagère averse
Au sommet de la colline le visage d’un dieu
Derrière son visage l’incertitude

C’est un étourdissement devant la mer des herbes
Entrelacs de chapiteaux et de monstres
Là haut tu peux voir courir un petit loir
Le chat errant attend cherche
Comment pouvoir grimper si haut
Au raz de la terre avec les autres sans les autres



Tu ne peux oublier que ce qui capte les images
vient des yeux grands ouverts et de la main tendue
La mémoire  travaille sans relâche  succède à une autre mémoire


La gorge chante une mer lointaine
 Devant la mise à nu s’emparer du raz du vent,
à la tour du passage
explorer les cendres en quête d’une pierre précieuse

Le matin a froid  les pierres se meurent de trop de soleil
le lézard file si vite une marée de visiteurs envahit la colline

encore des arbres et des robes bleues et blanches
la basilique nous regarde les chats s’affolent et se battent




deux petits enfants
 leur maman n’est pas là elle ne chante plus pour eux ni avec eux 
elle demeure entre les bruyères et les glycines
 là où Max Pol Fouchet continue d’écrire, où Romain Rolland marche en réfléchissant, où Tatiana Roy danse ses poésies aux flots du ciel
 
La nuit de la mort ne s’étire plus désormais mais dévide l’écheveau 
de cet hors du temps 
Où  l'esprit peut se transfigurer








Se tourner vers l’Est, guetter 
Perdre le sens du chemin girouette sacrifiée 
Montgolfière qui s'élève c'était un autre jour
Un oiseau écrasé noir et blanc

Jeu de Go pose l’œil  
Tout est en pulsation, en suspension










Les essaims de pèlerins et voyageurs s’agglutinent sur la route qui monte, 
certains aux corps usés, 
d’autres aux visages sanguins qui s’arrêtent souvent, 
de jolies jeunes femmes en tenues estivales qui vont de boutique en boutique, 
des vieilles dames très dignes assises sur le banc 
de jeunes enfants se cachent dans les renfoncements de pierres,
 un chat se glisse sur le trottoir, quelques voitures qui peinent, une effervescence d’août.







Sur la table dans le jardin, des abeilles se noient dans le pot de miel resté ouvert. Un papillon se pose sur le bouquet de fleurs sauvages qu’A. a cueilli ce matin. Elle porte et berce dans son cœur tous les enfants qu’elle a soigné et qui maintenant jouent dans l’Eden.






























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