vendredi 1 avril 2011

L'histoire de Marie ne sera jamais terminée...




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Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.
Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars. B Chaix (26 mars 2011)

« Les fiançailles, 1945, Marie heureuse. Ils sont tous là. Même Klostro, arrivé à l'improviste, le matin même. » Brigitte. (Générique de fin.)

Et c'est Kostro qui fait la photo ? Pourquoi a t'il posé ce vase devant eux, au même niveau que les pieds des enfants? Cela donne une étrange impression. Cette gerbe de fleurs qui monte vers le couple central dont c'est la fête. Tous ces regards qui regardent devant eux, quelques visages penchés, ou tournés, à l'oblique d'un certain rêve. Une histoire qui commence...Vinika.

« je pense, ce matin, à nos récits l’été dernier, nous glissions en pente douce, en bande, comme à vingt ans, d’image en image, d’où nous connaissions-nous ? Vinika, Béatrice et Brigitte, parfois Nicole, Yannick et moi, qui d’autre encore ? votre jeunesse avait chassé la mélancolie d’une saison fade, j’avais aperçu votre image une fois et vous aviez fait votre maison entre nos bras, avez-vous su que nous vous aimions, chaque jour nous vous cherchions et, vous retrouvant, nous nous trouvions les uns les autres, vous étiez le point sensible, la tache au bord de l’encrier, on connaissait vos yeux, vos robes Vichy, vos cheveux noirs, votre voix, on vous entendait chanter, j’ai rendez-vous avec vous, on vous voyait au bord du Rhône, à Istanbul, sur une plage du Nord ou à Lisbonne, vous étiez parmi nous, pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre, comme dit le poète sous absinthe, vous circuliez d’un rêve à l’autre, parfois l’un de nous voulait vous retenir, installait son histoire, mais vous vous échappiez, et cette fois-ci, je vous ai perdue pour de bon… » François. (L’adieu à Marie. )

31 mars 2011 
Bon anniversaire Marie, là où tu es aujourd'hui, là où tu ris, là où tu nous observes peut-être... Pardonne nous de t'avoir dérangée, et merci aussi pour tous ces moments merveilleux passés ensemble. Tu restes au fond de nos coeurs un paradis d'images, de poèmes et de voyages, un jardin de jeux et d'enfances, un temps d'absences et de présences, au rythme de la vie, de nos vies éparses et clairsemées maintenant, comme un livre aux feuilles détachées ; comme un album aux photographies envolées..." dans l'eau elles s'en sont toutes allées... " les roses de Saadi et les tulipes jaunes au soleil du printemps. 
31 mars, la nuit, et je souris ; j'imagine Marie, au bord du paradis... Elle se penche et nous envoie une échelle de corde ou d'argent. C'est la nuit, le marchand de sable est passé et nous allons tous ensemble là-haut, là d'où personne n'est jamais revenu, et nous sommes venus, Marie, te porter un bouquet de joies enrubanné de mémoires, de mélancolie. Ces souvenirs et ces certitudes, toutes ces larmes et puis nos rires. Tout le passé et tout cet avenir encore, inconnu. "J'irai là-bas...Tu vois je sais que tu m'attends..."

Le 31 mars 1945, Mère Marie (Skobtsov) moniale orthodoxe dans le monde, qui a sauvé des juifs en les cachant dans sa maison et sa chapelle à Paris, et qui a participé à la lutte contre le nazisme en tenant tête aux politiques de l'époque, périssait en martyre dans le camp de Ravensbrück, prenant la place d'une maman qui était sur la liste des gazés de ce jour là.
Non, Marie n’est pas morte pour nous, et l’Histoire de Marie ne sera jamais terminée car à chaque fois que quelqu’un se penchera sur son album de photographies, sur nos récits, sur nos poèmes, elle sera vivante et elle sera présente, par delà le temps, par delà l’histoire. Au cœur de nos mémoires.

Talila chante, un air de yiddish bluzz, j'imagine l'enfant au violon, celui de Matisse, devant la fenêtre à la coupe de fruits. Je me souviens, c'était hier, et c'est encore maintenant, le temps d'une vieille boîte emplie de photographies usées, regardées, les coins cornés, des tâches de temps qui lissent le papier ; avez vous sur vos mains de ces empreintes du temps qui passent, des dessins brunâtres qui laissent là leurs marques ? Avez-vous des pastilles à la violette dans une coupe de cristal, j'en prendrais une, c'est un goût et un parfum de printemps, un sourire du ciel. Je voudrai revoir l'album d'Angélica et ses photos d'enfant ; ce beau livre d'images, mais il est resté sur la table, dans la maison fermée maintenant. Isaac crie dans le cimetière, là-haut, des anges traversent l'infini. Sur l'île de Capri, Marie buvait une liqueur de citron de Sorrente... J'en prendrais bien un verre aussi, avec vous, mais qui aime boire ça ? Pourtant, les citrons d'Italie sont si bons.

Un vrai vin rouge et mordoré comme un saxophone qui éclate dans le soir venu, c'est revigorant. Les yeux de Marie quand elle regardait Kostro, ses confidences sur le balcon de l'hôtel, face à la mer aux masques sauvages, et plus loin, les rochers devenus visages des passagers de nos vies. 
Il faudrait bien tout inverser, le verre, la photographie dans son cadre ; inverser le sablier, le coucher comme en un lit d'herbes, comme le dormeur du val ; le sable du temps à l'horizontal de nos rires, et rien alors ne s'oublierait : l'amour, le partage, l'innocence et la fureur de vivre encore et malgré tout. Vinika. 

Photographies: François / Album de Marie, Brigitte

2 commentaires:

  1. Il faudrait bien tout inverser, le verre, la photographie dans son cadre ; inverser le sablier, le coucher comme en un lit d'herbes… dis-tu. Merci Vinika pour ce beau texte triste. F.

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  2. Je reste "habitée" par "l'Histoire de Marie " et je "chine" des photographies anciennes, là où je marche, là où je suis, là où je pars, là où je rêve. Si jamais je tombais, par cet hasard providentiel, sur cette photo oubliée et tombée de l'album de Marie, sur cette photo perdue que Brigitte ne connaît pas, ce serait un "autre commencement"...

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