lundi 28 mars 2011

Oculus-Citrus

Sur une photographie de jean-André Bertozzi par rapport à son travail "tria a fenestre " Cette image aux citrons, si tranquille est telle un repos hespéridé. L’amplitude de la pièce intensifie les gestes, et fait d’eux des mouvements d’une lenteur non plus monotone mais libre. Comme une danse légère. La volupté de cette fenêtre végétale. Une cuisine délicieuse. Une maison dans un jardin. Un jardin parfumé. Ce lieu individuel qui est notre mandala, notre architecture psychologique interne et inviolable. Maîtriser l’air, l’espace comme une irisation… Un mythique oculus et s’assoupir dans l’ombre fraîche… A travers la fenêtre d’un monde…Toutes les fenêtres se posent dans une pièce, regardent et sont regardées. Ici, ces fruits pourraient être des pommes. Un rappel du jardin de l’éden. Moi, je voudrai y voir des citrons. Le jaune qui est la couleur du soleil, du sable, évidemment images archétypales mais si proches de ce que perçoit un enfant. Si tu lui dis « jaune « Que dit-il ? Sable, citron, pomme, robe ou jonquille… Je verrai bien la même fenêtre déclinée avec des fleurs, des fruits, des objets ou des légumes jaunes… La même fenêtre qui, alors, ne serait plus la même… Comme un poème que l’on se répète sans cesse et partout… Les mots sont toujours les mêmes et pourtant, il existe une différence suivant les lieux où l’on se trouve, les gestes que l’on fait, les personnes qui nous accompagnent. Cette fenêtre aux jonquilles, j’aimerai beaucoup…C’est le printemps, j’y pense tout le temps…Et cette assiette qui semble se fondre dans une route poudreuse m’accompagne régulièrement. Nature morte à la fenêtre. Des fruits au lent mûrissement qui s’épanouissent dans le silence. La densité de l’image repose sur la fenêtre ouverte vers le voyage, un chemin… Le chemin que prendra celui qui arrivera, le chemin pour celui qui part. Mais ce n’est pas ce chemin qu’a emprunté le photographe, il s’en souvient peut-être… Il est déjà passé par là mais dans cette photographie, on capte une forte émotion, comme une authentique plénitude. Une sensation de repos. Je reviens à cette notion de repos : une image- reposoir qui contemple et se laisse contempler. Se perdre et se trouver : l’identité du regard. C’est cette coupe de fruits qui est l’offrande. Le jaune et le bleu s’unissent et se répercutent dans le vert un peu flou de l’extérieur. Dehors, ce qui est étranger ou étrange. Dehors, ce qui me frappe, m’atteint ou ne me touche pas. Ici, un calme refuge loin de toute agitation, le centre de mon silence. Un petit éclat de ciel rappelle l’intérieur de la pièce. Une combinaison de couleurs et de formes harmonieuse et immobile. Ici, ce qui ne bouge plus, c’est le cœur de l’homme. La sérénité agit dans la conscience, transforme le sentiment, métamorphose les souvenirs. C’est similaire à un contact d’âme à âme, par l’intermédiaire d’une prise de vue, presqu’un instantané de vie partagée.

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