14/10/2014
les chats se battent, et moi qui regarde sans rien voir,
perdue en un dédale
ininterrompu,
quelques pauses, un silence intense en mon âme ;
l'intemporalité s'insinue,
une fugace incandescence m'assaille de temps à autre, ainsi qu'une étrange impression d'irréalité,
je me sens si loin, puis je reviens à moi,
je ne sais où j'étais perdue, dans le jardin d'Alice, le
palais du minotaure,
les souterrains de Chronos,
là où les hauts de
Hurle-vent sont assaillis de vents et de bruine,
entre bruyères et hautes frondaisons, peut-être ici ou
là-bas,
au cœur d'une vieille tour en Brocéliande.
Une harpe celtique fait éclore sa mélodie, mélopée
lancinante...
C'est un long nocturne, les heures passent et ressemblent aux
nuits endolories,
aux nuages fuyants, aux feuilles jaunies, à tout ce vacarme
là-bas dans la Cité,
les mésanges sont revenues, le bassin débordera bientôt
trop de pluies... Ou trop de larmes ?
Ce serait comme si le monde souffrait et pleurait,
les branches des arbres se dénudent,
on entend les cris des
enfants dans la cour de récréation.
Cet air de musique se mêle à mes souvenirs, des voix qui
murmurent en une langue étrangère,
Coups frappés à la porte de bois blanc,
des violons dans un vieux film, certaines images, certains silences aussi.
Des photographies peuplent ma mémoire... Des pages d’albums
perdus,
Quelques images de femmes et d’ enfants qui marchent,
Vers le néant, ne savent où leurs pas les conduiront,
avancent, ne peuvent fuir, ni reculer.
Il faudrait comme Thésée dérouler le fil, avancer et ne pas
se retourner.
Ils marchent, vers la mort, des hommes attentifs derrière des grilles.
Ils marchent, vers la mort, des hommes attentifs derrière des grilles.
Aurélia portée par le cygne blanc traverse le jardin
d'automne.
Je ne sais qui chante
en moi ou qui pleure en moi, tout à tour.
Lala est morte désormais. Dans le puits étrange de ce chagrin
Tout est noir maintenant, personne ne peut descendre aussi
loin.
Tous ces mots d'insolences ou de nonchalance,
toujours si beaux, si doux à mes oreilles, des poèmes
incessants,
la sorcière a été brûlée, les braises encore chaudes dans la
forêt,
j'écoute St John Perse, je poursuis le voyage de Milosz et je
suis vivante.
Le poème est plus qu'un secours, il est ouverture des portes,
la clef qui connaît toutes les serrures,
la lumière qui éclaire la crypte, qui libère, en une respiration
légère.
Toute oppression s'évanouit, toute prison obscure s’ouvre,
toute chambre
sanglante disparaît,
vois comme le monde est beau, de tes yeux, abreuve toi ;
bois le murmure de
l'eau, le vin dans le verre de cristal,
un rayon de soleil sur la coupe de fruits,
les noisettes sur l'argile humide, le linge pendu sur la
corde à linge.
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