samedi 23 octobre 2010

Sur la plage. Léonard René Guerrin



  Léonard Alexandre René Guerrin - Médecin Major Guerre 1914/1918- Hôpital de Golbey-Haxo, 

Né le 03/02/1886 de Guerrin René Eugène, Horloger- Bijoutier de son état,  et Foissey Eugénie, à Chaumont, 23, rue de Bruxenville en Haute-Marne - Décédé le 23 août 1949 au 17 rue Patou à lille


Sur la plage.  

Par un doux soir d’été, tandis qu’au loin la lune

Mollement balançait son disque de pâleur

J’allai inconscient tout le long de la dune

En écoutant heureux, la dernière clameur

De quelque matelot rentré tard au village.

J’allais ne sachant où quand soudain j’aperçus

Une ombre se glissant alerte sur la plage,

Et l’ombre s’arrêta sur un des bancs moussus

Couchés non loin de moi. D’une belle bretonne

C’étaient la taille fine et le jupon flottant :

Accompagnant alors la chanson monotone

De la mer et des flots battant et rabattant

Les rochers du rivage, elle entonna joyeuse

Un des airs du pays. Elle se tut bientôt

Car tout près sur le sable et dans l’herbe moelleuse

Un pas se fit entendre… Elle fit un sursaut.

C’était le pas d’un homme. Est ce toi, fit la femme ?

La brise répondit . - Ne reconnais-tu pas

Ma petite Margot, par Notre Dame

Le pas de Mathurin, l’ombre de ton cher Gars !

Je les vis approcher et puis comme une abeille

Voltigeant fait un bruit, un frôlement se fit.

C’était un doux baiser, la chose sans pareille

Fait qui pour des amants est toujours inédit.

Puis aux deux amoureux des serments ce fut l’heure

Serments que je perçus bercés du bruit des flots.

-Des filles de chez nous Margot, t’es la meilleure,

Mais sais-tu ce que c’est que des vrais matelots ?

Sais-tu qu’en bon marin, ainsi que je t’épouse,

J’épouserai la mer, et sais-tu que la mer

Le sais-tu, chère amie, est quelquefois jalouse ?

-Mathurin, dit l’enfant, je -n’aurai rien d’amer

Car, si l’océan veut te prendre comme otage

À ton secours, j’irai pour mourir avec toi !

Nous nous suivrons  partout, la vie est un voyage.

Nous parviendrons au port, tu peux garder ma foi.

Et là-bas, lentement, je pus voir les deux ombres

S’éloigner à regret des falaises sombres.

 

René Guerrin

14/19 avril 1902

 

 

 

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